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Résumé

Cet article vise à introduire, dans le champ théorique de la pragmatique, la notion de communication pathologique pour dénoter les maladies langagières qui affectent l’expérience dialogique et « troublent » l’équilibre relationnel des interactants. Le but de ce texte est, effectivement, de montrer qu’il existe plusieurs pathologies dans l’expérience communicationnelle de tous les jours et que ces pathologies causent des conflits relationnels. Pour illustrer cette hypothèse, nous nous sommes fondé sur quelques cas évoqués par l’École de Palo Alto ainsi que sur des indications pertinentes rencontrées dans le sillage de la théorie des actes de langage.

Mots-clés : Communication pathologique, Conflits relationnels, Théorie des actes de langage
Reçu le : 6 mars 2023.
Accepté le : 27 juin 2023.

Abstract

The aim of this article is to introduce the notion of pathological communication into the theoretical field of pragmatics, to denote language diseases that affect dialogical experience and "disturb" the relational equilibrium of interactants. The aim of this text is, indeed, to show that there are several pathologies in everyday communicative experience, and that these pathologies cause relational conflicts. To illustrate this hypothesis, we have drawn on a few cases evoked by the Palo Alto School, as well as on relevant indications encountered in the wake of speech act theory.

Key words: Pathological communication, Relational conflicts, Speech act theory
Received: March 6th, 2023.
Accepted: June 27th, 2023.

INTRODUCTION

Charles Morris divise l’appréhension de tout langage en trois domaines correspondant aux trois relations fondamentales qu’entretiennent les signes : avec les signes entre eux, la syntaxe ; avec les choses qu’ils désignent, la sémantique et avec leurs utilisateurs, la pragmatique (Mainguenneau, 1990 : 45).
Cette dernière composante met en exergue, non seulement la fonction de l’acte de langage réalisé par l’énoncé, mais également les effets réciproques découlant des interactions interpersonnelles. Or, si la structure de l’interaction humaine obéit aux canons formels d’un système stable, nous disons qu’elle est normale. Dans le cas contraire, elle est pathologique. Ainsi, nous appelons ‘’pathologique’’ toute expérience interpersonnelle fondée sur la communication et ne répondant pas au cadre figuratif pertinent. Nous montrons que toute expérience de ce genre est fondamentalement conflictogène. Ce caractère conflictogène de la communication pathologique peut s’appliquer à différents objets : des structures sociales élémentaires jusqu’aux macrostructures des relations internationales.
Cet article possède un caractère propédeutique. Il vise en fait à introduire dans le champ théorique de la pragmatique la notion de communication pathologique pour dénoter les maladies langagières qui affectent l’expérience dialogique et « troublent » l’équilibre relationnel des interactants. Il est possible que ce genre des pathologies langagières soit démontrées à partir de plusieurs horizons pragmatiques ; pour notre part, nous suggérons dans les paragraphes qui suivent une possible démonstration à partir de la systémique communicationnelle de Palo Alto et de la théorie des languages speech.

1. Systémique communicationnelle, communication pathologique et conflits relationnels

L’École communicationnelle de Palo Alto (une ville de la banlieue-sud de San-Francisco aux Etats-Unis) comprend les travaux réalisés, d’abord par Grégoire Bateson dans les années 1940, puis par ses successeurs, parmi lesquels on peut citer Paul Watzlawick, Don Jackson et Helmick Beavin.
La pragmatique de la communication élaborée par ces auteurs exploite suffisamment les acquis de la théorie générale des systèmes (Von Berthalanfy). En fixant une orientation systémique à la communication, ces auteurs considèrent que le rôle de la pragmatique est d’étudier les comportements des partenaires dialogiques suite aux effets réciproques rendus possibles par le principe de rétroaction.
Par définition, la communication pathologique se présente sous la forme transgressive de l’axiomatique de la communication humaine. Voici comment cela se formule : ‘’on pourrait alors se demander sur quoi nous pensons fonder une étude de la pragmatique de la communication humaine (….). Pour ce faire, il nous faut partir de quelques propriétés simples de la communication dont les implications interpersonnelles sont fondamentales. On verra que ces propriétés jouent le rôle d’axiomes dans le calcul de la communication humaine (Watzlawick, 1972 :45).
On l’aura compris, la communication pathologique est un ensemble de troubles qui affectent les propriétés élémentaires de la communication humaine. Le bon sens voudrait, à ce niveau, que ces propriétés soient clairement émises avant de montrer les pathologies qui découlent de leur expérience transgressive. C’est pourquoi, le tableau ci-après nous permet d’exposer clairement les axiomes de la communication ainsi que leurs distorsions, c’est-à- dire leurs pathologies (Ibid. : 45).

1.1. Tableau des axiomes de la communication et leurs distorsions (pathologies)

      Axiomes de la communication

      Pathologies de la communication

’On ne peut pas ne pas communiquer ‘’

 

L’une des propriétés, on ne peut plus fondamentales de la communication, est de ne pas avoir de contraire. Autrement dit, tout comportement a la valeur d’un message, i.e. qu’il est une communication, il suit qu’on ne peut pas ne pas communiquer, qu’on le veuille ou pas.

Soit A et B, deux partenaires. A prétend ne pas vouloir communiquer. Cependant, il ne peut pas échapper du lieu où se trouve B. Une telle situation produit trois types d’attitudes :

  • le rejet de la communication,

ex : A garde silence. Mais son silence parle car B en déduirait que A ne veut pas parler.

  • L’acceptation de la communication

ex : si B continue de parler, A pourrait répondre en tentant de dire à B qu’il ne veut pas communiquer, et en répondant il aura tout de même communiqué.

  • L’annulation de la communication

Ex : A pourrait adopter des attitudes contradictoires, par exemple en se mettant à jouer ou à proférer des incohérences. Cette folie choisie sera tout de même une forme de communication.

« Toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation ».

 

Cet axiome se rapporte aux niveaux de la communication : le premier niveau est celui du message comme tel tandis que le second est celui de la perception interpersonnelle des personnes engagées.

’La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences des faits ‘’.

 

La ponctuation de la séquence des faits est le repérage des faits dont les échanges constituent une chaîne dont les maillons se chevauchent. Ils forment des unités de communication sous la forme stimulis-reponse-reforcement. L’équilibre de l’échange dépend ici de l’acceptation des rôles et de leur interchangeabilité. 

La pathologie qui affecte cet axiome est le « désaccord ».

En fait, dès lors que le niveau de la relation entre A et B est malade, il y a nécessairement conflit i.e. désaccord sur le contenu. Cela repose sur le fait que le niveau de perception interpersonnelle conditionnent soit la confirmation, soit le rejet soit le déni d’une communication.

Si, lors d’une expérience communicationnelle, les partenaires ne régularisent pas leurs rôles, on aboutit à une pathologie qu’on appelle ‘’ponctuation discordante’’. Celle-ci se rapporte également au court-circuit pouvant être créé dans certains cas, par une insuffisance informationnelle par un partenaire sur une question donnée.  

 

 

                                                                         

« Les êtres humains usent de deux modes de communication : digital et analogique ».

 

Le langage digital recourt à la parole et possède une syntaxe complexe. Le langage analogique recourt aux symboles.

Très souvent, les deux modes de communication doivent être continus et harmonieux dans une séquence de communication. Au cas contraire, il se crée de l’incompréhension, qui est l’une des pires formes pathologiques dans la communication humaine.

« Tout échange de communication est symétrique ou complémentaire, selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence ».

 

Les relations humaines sont soit égalitaires i.e. symétriques, soit complémentaires ou différentielles.

Cet axiome est affecté par les pathologies ci-après :

  • Pour les relations symétriques : les rivalités, car les partenaires sont dans une position égalitaire.
  • Pour les relations complémentaires, l’incompatibilité si les partenaires se savent a priori incapables de se compléter psychologiquement et socialement.

1.2. Interprétation du tableau

Les auteurs de l’École de Palto Alto envisagent, comme nous l’avons dit précédemment, toute communication comme un système. A partir de ces axiomes et leurs pathologies, ils ont étudié la structure des interactions humaines. Selon cette structure, les processus de communication sont étudiés de telle sorte que les attributs interpersonnels s’imbriquent harmonieusement pour produire des relations stables entre les hommes (Watzlawick, 1972 : 80).
Cependant, ils ont constaté que les expériences dialogiques de chaque jour, dans la rue, au bureau, à l’école, à l’hôpital, ne répondent pas toujours au canon formel de la communication humaine, telle que proposée dans l’axiomatique ci-haut. C’est pourquoi ils ont avancé l’hypothèse de « trouble » relationnel auquel conduisent les troubles communicationnels.
Comme on le voit, l’une des questions à laquelle nous devons être en mesure de répondre est celle de savoir comment est-il possible de guérir ces troubles communicationnels pour, enfin, améliorer qualitativement les relations humaines. Il est clair qu’une telle réponse devrait suffisamment exploiter les données interdisciplinaires d’anthropologie, de sociologie, de linguistique, et de médecine. Nous pourrions nous y exercer prochainement.
Pour le moment, nous suggérons l’idée que la qualité d’une communication dépend de l «’égalité primaire » entre les partenaires. Par égalité primaire, nous entendons les formes de compatibilité humaine susceptible de favoriser une « entente minimale ». Pour illustrer, qu’un professeur d’université veuille dialoguer avec un fou autour du budget 2023 est une expérience sans issue, car il n’y a pas de compatibilité ni sanitaire, ni sociale, ni psychologique entre les deux. En réalité, les deux ne peuvent pas être des partenaires, ce sont des corps en choc verbal, engagés dans une sorte de robotisation langagière, ce qui conduit nécessairement au trouble.
C’est ce qui arrive souvent, par exemple, dans des couples où la compatibilité est quasiment nulle. La qualité de la relation nuptiale, si elle peut être relativement stable, ce que l’un des partenaires vit dans la résignation (ce qui est pathologique).
A présent, considérons quelques aspects pathologiques de la communication humaine suggérés par la théorie des actes de langage.

2. La communication pathologique à travers la théorie des actes de langage

Nous avons vu ci-dessus que l’étude des pathologies de la communication est un domaine spécifique de la pragmatique de la communication. Or, la théorie des actes de langage fournit un ensemble de présupposés au moyen desquels on peut saisir un processus de communication non seulement comme l’utilisation du langage en situation, mais également comme un moyen d’agir sur le contexte interlocutif (Kerbrat-Orecchioni, 2001 :1). De ce point de vue, elle nous offre des instruments d’analyse des contextes pathologiques des discours. Mais un aperçu sur l’origine et les intuitions fondamentales de cette théorie nous paraît pertinent a priori.

2.1. Pragmatique et actes de langage : bref aperçu général.

Anne Reboul et Jacques Moeschler situent la naissance de la pragmatique dans le contexte général de l’émergence des sciences cognitives (psychologie, linguistique, philosophie de l’esprit, les neurosciences, l’intelligence artificielle). Elle émerge dans la mouvance d’un vaste programme qui, profitant de l’inopérationnalité des modèles behavioristes, prétendait expliciter le fonctionnement de l’esprit (cerveau) et montrer comment il acquiert des connaissances, les développe et les utilise en s’appuyant, entre autres, sur la notion d’état mental (A. Reboul et J. Moeschler, 1998 :26).
Cette théorie disqualifie la distinction classique entre parole et action. Même si le terme « pragmatique » avait été utilisé bien avant Austin (notamment par Charles Morris), c’est essentiellement avec Austin que cela se formule sous la forme d’une véritable théorie linguistique. Catherine Kerbrat-Orecchioni exprime cela de la manière suivante : « … Austin n’a évidemment pas été le premier à affirmer que dire, c’est aussi faire … » (2001 :5). Parmi les précurseurs, cette auteure cite le courant rhétorique (d’Aristote à Perelman), mais également certains auteurs comme Ch. Bally, A.H. Gardiner, B.K. Malinowiski, etc.
L’on peut globalement noter que l’intention austinienne, celle de fonder une nouvelle discipline philosophique, la philosophie du langage, s’est concrétisée par la remise en question du principe de la philosophie analytique selon lequel la principale fonction du langage est celle de décrire le monde. Pour Austin, l’illusion descriptive de la philosophie analytique s’estompe face aux propositions d’un genre particulier, par exemple les exclamatifs, les impératifs et les interrogatifs, qui ne décrivent rien, mais dont l’énonciation vise la modification d’un état de choses.
Ex. : Je t’ordonne de venir
Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Les actes descriptifs (par exemple : le téléphone est sur la table) sont appelés ‘’constatifs’’, tandis que les autres sont dits ‘’performatifs’’. Si les premiers types d’énonciation peuvent se soumettre au jugement vrai/faux, les seconds s’évaluent simplement en termes de bonheur ou d’échec (2001: 28).
Il est important de signaler que la théorie des actes de langage inaugurée par Austin a eu un grand écho auprès de chercheurs dans le domaine du langage. L’un de ses plus grands disciples, Searle, a émis des développements enrichissants sur les thèses austiniennes. Sa contribution principale, affirment Anne Reboul et Jacques Moeschler, consiste à distinguer, dans une phrase, ce qui relève de l’acte illocutionnaire lui-même et qu’il appelle le marqueur de force illocutionnaire et ce qui relève du contenu de l’acte et qu’il appelle le marqueur de contenu propositionnel (Ibid. : 30).
La théorie des actes de langage implique plusieurs détails techniques, mais ce n’est pas l’objet de cette étude de l’approfondir. Seulement, dans la perspective de la communication pathologique, nous nous intéressons uniquement au cadre figuratif qu’offrent les conditions de réussite des actes de langage pour illustrer des situations pathologiques qui affectent parfois la vie de chaque jour.

2.2. Conditions de réussite des actes de langage et communication pathologique

Par condition de réussite des actes de langage, nous entendons « les conditions qui doivent être réunies pour que leur valeur illocutoire ait quelque chance d’aboutir performativement » (Ibid. : 30). Nous choisissons de ne pas schématiser ces conditions, elles sont par ailleurs bien connues des praticiens des sciences du langage. Par contre, nous préférons utiliser quelques exemples. Comme dans la pragmatique de la communication de l’École de Palo Alto, la dimension pathologique sera encore liée à la transgression de l’une de ces conditions lors de l’expérience dialogique.
   Exemple n°1. : Soit A et B deux partenaires.
A dit à B : « Je vous offre du vin ».
La condition de réussite de cet énoncé demeure la possession du vin par A. Si l’acte énonciatif de A, qui, du reste, est de nature promissive, ne rencontre pas cette condition, il est voué à l’échec. Par conséquent, la relation dialogique entre A et B sera directement affectée. Cet effet constitue une forme pathologique de la communication humaine.
   Exemples n° 2. : Soit A et B deux partenaires. A dit à B: « Ne me dérange pas, je dors ». B rétorque : « Si tu dormais, tu ne me répondrais pas ».
Dans cet exemple, nous remarquons que l’action de dormir ne peut pas en même temps être dite et vécue par la même personne. Le dire ne correspond pas concomitamment au faire. Il y a ici un cas de ce que nous pouvons appeler "une contrefaçon pragmatique". Car celui qui dort, s’il dort réellement, ne peut pas dire « je dors ». Cette contrefaçon pragmatique est une forme de pathologie communicationnelle.
Ce type d’interprétation nous est autorisé par Ducrot, qui, tout en revenant sur la distinction austinienne entre le locutoire, l’illocutoire et le perlocutoire, estime que le fonctionnement des actes de langage énonciatifs ne coïncide pas toujours avec le fonctionnement des actes de langage perlocutoires (Ducrot, 1972).
D’autres cas de pathologie communicationnelle apparaissent lorsque l’un des partenaires est incapable de recevoir ou d’interpréter l’énoncé.
   Exemple n°3: soit A et B deux partenaires. Si B est aveugle et que A lui dise : « Regarde l’avion qui passe », l’énoncé ne peut pas aboutir, car B pourrait considérer un tel énoncé comme une injure. La relation pourrait en être affectée. Ce qui sera une forme de pathologie communicationnelle, source d’un réel conflit.
Il existe également des conditions institutionnelles dont la distorsion conduit forcément aux pathologies. E. Benveniste souligne l’importance de ces conditions de la manière suivante : « De toute manière, un énoncé performatif n’a de réalité que s’il est authentifié comme acte. Hors circonstances qui le rendent performatif, un tel énoncé n’est plus rien » (Benveniste, 1966 :273).
   Exemple n°4 : Un professeur d’université est en même temps prêtre catholique. Associé au jury lors de la défense d’une dissertation de licence, il commence son intervention par la formule phatique : « Alléluia-Amen ». Un tel prêtre-professeur devrait bien se rendre à l’évidence que ce n’est ni le lieu ni le moment pour que sa formule ait quelque sens.
Bien plus, le cadre figuratif, c’est-à-dire l’instance d’analyse qui identifie les protagonistes de chaque pôle du procès communicatif (qui parle à qui, et quelles sont les relations de rôle qui les gèrent …) offre également un cadre d’analyse des pathologies communicationnelles. (Matangila, 2010-2011 : 49)
Autrement dit, et selon les termes de Recanati, n’importe qui ne peut pas affirmer n’importe quoi : faire une affirmation sur un sujet dont il est connu qu’on ignore tout, c’est comme déclarer la séance ouverte quand on est pompier de service (Recanati, 1981 : 273). Ces cas de pathologie communicationnelle peuvent êtres illustrés par plusieurs exemples :
  Exemple n°5 : un professeur d’université, laïc, qui déclare sur un couple dans une paroisse : « Je vous bénis au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et vous déclare unis » fait fausse route pragmatique.
  Exemple n°6 : un enfant qui, s’adressant à son père, lui dit : « Ce n’est pas de cette manière que je vous ai éduqué » transgresse le cadre figuratif du procès communicatif.
   Dans l’exemple 5, le locuteur ne possède pas la compétence performative, tandis que dans l’exemple 6, l’enfant a brisé le cadre figuratif classique qui spécifie les relations de rôle père-enfant et impose à chaque partenaire un choix des mots et des attitudes discursives. Nous pouvons donc considérer qu’il s’agit là d’exemples de pathologies énonciatives.
Un dernier aspect que nous voulons signaler est celui de la procédure socialement acceptée ou reconnue pour l’accomplissement de certains actes
   Exemple n°7 : En 2011, Etienne Tshisekedi, Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), aurait prêté serment, à domicile, devant « le peuple congolais », la main sur la Bible. Dans la mesure où une telle aventure serait historiquement vérifiée, son acte serait une forme flagrante de pathologie communicationnelle. Si, par ailleurs, un tel acte pourrait trouver sens dans un contexte de bataille politique, il ne saurait nullement être considéré comme « prestation de serment », en tant qu’activité procéduralement réglée et dont la validité est jugée en fonction de sa conformité aux usages congolais en la matière. L’acte déclaratif réalisé par Etienne Tshisekedi n’a rien de performatif car, disons-le nettement, il est incapable de modifier la situation institutionnelle et constitutionnelle du pays.

Conclusion

Cet article a abordé le concept de la communication pathologique et son influence sur les relations interpersonnelles. En clair, le but de ce texte était de montrer qu’il existe plusieurs pathologies dans l’expérience communicationnelle de tous les jours et que ces pathologies causent des conflits relationnels. Après avoir donné l’explication de cette notion de la communication pathologique, nous sommes parvenu à illustrer les différentes pathologies communicationnelles à travers quelques exemples concrets (actes de langage). Pour enrichir cette hypothèse, nous nous sommes fondé sur quelques cas évoqués par l’École de Palo Alto ainsi que sur des indications pertinentes rencontrées dans le sillage de la théorie des actes de langage.

 

Par Bulele Kwakombe Blaise, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024