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De l’analyse morpho-lexicale du français de Kinshasa

                             THOA TSAMBU Gisèle*

                                     thoatsambu@gmail.com

Résumé

Le Congolais instruit s’étant approprié la langue française, il lui arrive de créer des nouveaux mots en recourant aux divers procédés linguistiques qui existent : dérivation, composition, parasynthétique… Ces néologismes ont pour la plupart une base française ; leur nouveauté se situe au niveau du résultat final que l’on ne retrouve pas dans le dictionnaire du français de référence.

Mots clés : créativité, dérivation, composition, siglaison, compositionnalité, néologisme, parasynthétique, flexion, morpho-lexical.  

Introduction

Dans le répertoire linguistique des Congolais instruits, nous classons en tête de liste la langue française[1], qui cohabite avec les autres langues de la RDC. De ce contact il résulte qu’elles s’influencent mutuellement.

A partir des données empiriques, nous avions analysé en son temps la façon dont le français influe sur les parlers congolais en général et kinois en particulier.

Dans le présent article, nous rassemblons des lexies qui, à première vue, paraissent provenir de la langue française mais qui, en réalité, sont créées en se basant sur les différents procédés de création des mots nouveaux. Ce sont pour la plupart des lexies que nous avons analysées dans notre thèse[2], elles ont été toutes tirées du journal satirique Le Manager grognon. De notre expérience de Kinoise, nous avons pu ajouter quelques-unes que nous entendons par-ci par-là dans les conversations de tous les jours entre Kinois. Afin de permettre aux lecteurs d’avoir une compréhension plus aisée, nous les avons rangées par catégorie.

Dans cette catégorisation, nous séparons les mots qui ont des racines françaises (qui sont plutôt majoritaires) des mots dont les racines proviennent d’autres langues connues ou pas mais dont la forme fait référence à la constitution des lexies françaises.

Les Kinois étant très créatifs, l’étude va consister spécifiquement à relever les différents mécanismes qui ont concouru à la formation de ces nouvelles unités lexicales. Il s’agit entre autres de la dérivation, de la composition et de la siglaison. Compte tenu du fait que certaines lexies ont des racines qui proviennent des langues autres que la langue française, pour que l’analyse ne paraisse pas superfétatoire, nous allons survoler le mécanisme d’emprunt.

Au cours de ce travail, en plus de l’étude des mécanismes de création des mots nouveaux, nous nous attèlerons à relever les différentes catégories du discours qui sont plus productives et celles qui ne le sont pas à cause du fait qu’elles ne permettent pas l’intrusion. A la fin de l’analyse, nous dresserons un corpus en annexe où nous expliquerons le sens de chacune des lexies collectées.

  1. Du mécanisme de création des mots nouveaux

Généralement, plusieurs procédés et mécanismes concourent à la création des mots nouveaux. Les mots ainsi créés peuvent revêtir deux formes : soit la forme simple, soit la forme composée.

Les lexies de forme simple ne sont constituées que d’un seul morphème ; elles sont dites monomorphémiques. Elles représentent la catégorie la moins dense de notre corpus par le fait que la majorité des lexies analysées ont été créées à partir des mots français déjà existant auxquels on a adjoint un segment (préfixe ou suffixe). En revanche, les lexies de forme complexe sont celles qui sont les plus riches dans la nomenclature. Ce sont des mots qui sont créés à partir des mots simples, comme nous venons de l’annoncer.

Dans cette perspective, pour pouvoir inventer un mot nouveau, il existe trois grands moyens possibles :

  • L’adoption d’un sens nouveau pour une forme ancienne. Ce moyen n’est pas intéressant pour nous parce que notre analyse ne concerne pas le sens mais la forme du mot.
  • L’emprunt à une langue étrangère. Les racines de la majorité des lexies à analyser sont d’origine française, n’empêche qu’il y ait quelques-unes qui proviennent de la (des) langue(s)  autre(s) que le français.
  • La création d’une forme nouvelle. C’est ce dernier moyen qui constitue le soubassement de l’étude ; parce qu’il s’agit de déceler à partir de la forme des mots ceux qui sont du français de référence de ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire qu’ils sont nouvellement créés. (Diki-Kidiri et alii, 1981 : 7)

 

  1. Le procédé de la dérivation

Ces formes nouvelles des lexies proviennent de la dérivation qui consiste à construire certains mots par l’adjonction à partir d’un autre mot, appelé base, affixe à droite ou à gauche. Le procédé dérivationnel comprend la suffixation et la préfixation. Nombre de morphèmes contribuent à la formation des nouvelles unités dérivées : le morphème –er pour la formation des verbes, le morphème –et (te) servant à désigner des êtres ou des choses, les morphèmes –eur/-ateur qui coexistent avec le morphème d’origine grecque –iste pour créer des noms d’agents. Ces derniers sont les plus productifs dans le français RDcongolais.

 

I.1. La dérivation suffixale

La suffixation fait partie des procédés de dérivation progressive à la suite desquels on adjoint un affixe à la fin d’un mot pour en créer un nouveau appartenant à la même catégorie grammaticale ou non que sa base. Exemple, le français standard a disponible, accolade, cadeau, bourreau, à partir desquels le français congolais a créé « des dérivés virtuels du français contemporain » (Christian Schmitt, 1998 : 285) disponibiliser, accolader, cadeauter, bourreaune, par le mécanisme de suffixation. « Disponible », « accolade », « cadeau », « bourreau » appartiennent à la catégorie des substantifs, en revanche leurs néologismes ont des catégories disparates : disponibiliser, accolader, cadeauter sont tous des verbes, tandis que seul bourreaune a conservé la catégorie de sa base, qui est substantif.

Par dérivation le Kinois a créé des adjectifs tabacicole et brassicole, à partir de la suffixation des mots tabac et brasserie, en adjoignant le suffixe –cole « relatif à la culture, à l’élevage » Quand bien même le sens du dérivé ne correspondrait pas à la signification que lui donnerait ce suffixe, le Kinois nomme les industries de tabac et de boisson (brasserie) respectivement industrie tabacicole et industrie brassicole.

I.2. La dérivation préfixale

Le deuxième procédé, la préfixation, comme le précédent, fait aussi partie des procédés de dérivation progressive. Il consiste à ajouter un affixe au début d’un mot. Le mot ainsi créé appartient généralement à la même catégorie grammaticale que sa base. Mais, il peut arriver aussi que le résultat ainsi obtenu après préfixation n’aboutisse pas à la même catégorie que la base. Exemple, mégestion, ignoré du français de référence, qui ne connait que la forme simple « gestion ». Ce dernier se vit incruster d’un préfixe - qui exprime la négation ou un caractère péjoratif. Dans cet exemple, la base et la lexie préfixée appartiennent toutes à la même catégorie : substantif.

Concernant les lexies anti-valeurs et anti-maffia, créées par l’ajout du préfixe anti- aux lexies du français de référence valeurs[3] et maffia, on a procédé comme pour les lexies précédentes par dérivation progressive. Le segment anti-, d’origine grecque « contre », renvoie à ce qui exprime l’hostilité, l’opposition ou la défense. C’est ainsi que nous définissons les mots anti-valeurs et anti-maffia comme respectivement « ce qui est contraire à la morale » et « qui lutte contre les magouilles ». Signalons en outre que ces deux lexies quoique dotées d’un préfixe identique, ne se retrouvent pas dans la même catégorie grammaticale. Bien que leurs bases soient des substantifs, la préfixation n’a pas abouti au même résultat, c’est-à-dire base substantive vs lexie préfixée substantive. De ces deux préfixations, il ressort deux catégories distinctes : anti-valeurs : nom féminin (souvent au pluriel) et anti-maffia : adjectif épicène.

I.3. La suffixation-préfixation ou le parasynthétique

D’autres lexies créées appartiennent à l’addition simultanée d’un préfixe et d’un suffixe à un même radical. Le phénomène ainsi défini se dit parasynthétique. C’est une notion qui pose des conditions à observer pour y insérer une néologie. Aussi, aucune des lexies lorsqu’elle est disséquée ne doit correspondre à une lexie significative suffixée ou à une lexie significative préfixée. Exemple, impécuniser, incritiquable. Celles-ci sont créées à partir des bases pécuniaire et critique auxquelles ont été ajoutés les préfixes im- et in- et les suffixes iser et able ; bien plus, de ces deux lexies ne peuvent ressortir pécuniser ou impécuniaire, ni incritiquer ou critiquable. Le français de référence a critiquable, cela nous empêche de classer la lexie incritiquable dans la parasynthétique. Aussi, disons-nous que incritiquable n’est créé que par adjonction simultanée d’un préfixe et d’un suffixe. Il s’agit donc de la préfixation-suffixation. Cela va sans dire que seul impécuniser fait partie des lexies parasynthétiques.

I.4. De la compositionnalité du sens d’un dérivé

Une lexie est dite compositionnelle lorsque le sens de son dérivé est prédictible à partir du sens des morphèmes qui le composent. (…) Elle présente un parallélisme parfait entre sa forme (la concaténation d’un morphème lexical et d’un morphème de dérivation) et son sens (la combinaison des signifiés de ces deux morphèmes), de sorte qu’on peut déduire exactement le sens du dérivé à partir du sens des morphèmes qui le composent[4]. Nous constatons que nombre de nos néologismes sont compositionnels : incritiquable, anti-valeur, pluriellement, explicablement, disponibiliser, …

L’explication sur incritiquable et anti-valeur est prévisible. Leurs préfixes ayant un sens négatif, aussi déduisons-nous que leurs bases traduisent un aspect négatif. De même le suffixe –ment qui  vient de mens (du latin, manière de)  sert à la formation des adverbes de manière à partir des adjectifs de forme féminine, cela va sans dire que la définition de pluriellement et explicablement sera respectivement « d’une manière plurielle » et « d’une manière explicable ». Quant à disponibiliser, comme le suffixe –iser a le sens de « transformation », le sens de la lexie sera transformation de quelqu’un ou de quelque chose à disponible.

  1. Le procédé de la composition

En continuant notre étude, nous rencontrons des lexies qui sont formées non à partir de la dérivation, mais à partir d’un autre procédé : la composition. Un mot composé est celui qui est obtenu après réunion de deux ou plusieurs lexies de même classe ou des classes différentes. Ainsi, avons-nous beaufrérisme, bellesoeurisme, à titre exemplatif, faux-tête, …

Les éléments de chacune des lexies composées entretiennent des relations que nous pouvons disséquer en :

  • Adjectif + nom : beau, belle + frèrisme, soeurisme ; faux+ tête.
  • Préposition + nom + nom attributif : à +titre + exemplatif.
  • Nom + nom déterminatif : code de roulage, enfant de la rue.

De la flexion en genre de la lexie composée

Le français est une langue qui connait la flexion en genre (masculin et féminin) et en nombre (singulier et pluriel). Cette flexion concerne le substantif qui l’impose à l’adjectif, qui seul, ne peut déclarer un genre ou un nombre. Dans certains cas, le genre est inhérent, c’est-à-dire le substantif déclare son genre, il ne subit pas une quelconque flexion ; c’est l’exemple donné par la lexie tête, nom féminin. L’adjectif se joint au nom (dont il est dit épithète) avec lequel il s’accorde en genre et en nombre. Une affirmation que ne traduit pas la néologie « faux-tête ». Ce composé a été emprunté du français par le locuteur du lingala, qui, à son tour, l’a prêté au français rdcongolais. Nous savons qu’un terme emprunté peut ne pas suivre les règles de l’accord de la langue source si et seulement si cette langue ne répond pas aux mêmes règles. Le lingala ne connait pas les règles de l’accord en genre de l’adjectif avec le nom ; c’est le cas de le dire.

  1. Le procédé de la siglaison

Un autre procédé de création des mots est la siglaison, hormis les deux précédents. Les sigles, c’est-à-dire les unités formées par la réunion des lettres initiales des mots composant des unités lexicales complexes[5],  peuvent être des signes oraux comme des signes écrits. Le sigle oral fait partie des mots lâchés lors des conversations sans pour autant qu’ils puissent être inscrits dans les écrits administratifs, scientifiques ou littéraires. Ex. CSEF (croyants sans église fixe). Quant au sigle écrit, il est reconnu par tous et fait même l’objet des entrées dans les dictionnaires. Comme son nom l’indique, il peut être inscrit dans les écrits administratifs et littéraires. C’est le cas de nos sigles Exétat, Dircab, Dircaba qui sont connus des Kinois et on les retrouve dans nos écrits. C’est dire aussi qu’on retrouve le sigle pratiquement dans tous les domaines d’activité.

A l’oral, le sigle peut être lu, épelé ou la combinaison de deux :

  • Par lecture, c’est-à-dire la prononciation intégrée : Exétat [egzeta], Dircab [dirkab], Dircaba [dirkaba] 
  • Par épellation, c’est-à-dire la prononciation alphabétique : CPP [sepepe], AMP [aɛmpe], EPSP [epɛspe]
  • Par un traitement mixte : SNEL [snɛl]

Le sigle porte les marques du genre et du nombre compte tenu du fait qu’il est lexicalisé. De cette façon, il est traité comme une lexie et remplit les mêmes conditions de classement en genre et en nombre que le substantif (ex. le CPP). Signalons en outre que le sigle suit la marque de la première lexie que comprend sa valeur métalinguistique (ex. la SNEL, Société n.fém (Nationale d’Electricité). Quant au sigle qui se réfère aux êtres animés, il change des marques selon qu’il se rapporte à un être masculin ou féminin, ex. le Dircab (le Directeur du cabinet) ou la Dircab (la Directrice du cabinet). 

Calvet (1980 : 6-7) distingue deux procédés (abrégement et siglaison) qui aboutissent à trois types de création de nouvelles unités : abréviation, acronyme et sigle.

L’abrégement comprend l’abréviation et l’acronyme, la siglaison ne comprend que le sigle.

Il définit l’abréviation comme étant « un mot raccourci, soit qu’on n’en garde que le début (prof, métro, ciné) et dans ce cas elle est orale, soit qu’on en garde la lettre initiale, les premières lettres ou l’initiale et la finale (h pour heure, sec pour seconde, gl pour général) et dans ces cas elle est écrite »[6]

Contrairement à l’abréviation, l’acronyme consiste à raccourcir le mot en ne conservant que la première syllabe de chaque mot du syntagme ou de tout type d’expression composée : Commissaire D’Etat àCométat.

La siglaison consiste à construire une unité lexicale par réduction d’un syntagme (expression ou mot composé) en ne conservant que la lettre initiale de chacun des mots (ou des mots principaux) qui le compose et en épelant cette lettre. L’unité ainsi créée (sigle) est le plus souvent un nom, assez rarement un adjectif.[7] 

Il y a des sigles qui donnent lieu au mécanisme de dérivation compte tenu du fait qu’ils sont d’usage courant dans la société : AMP àAmpéen, UDPS àUdpsien, …

  1. De la racine et de la provenance du néologisme

Pour qu’une lexie soit dite néologisme, elle doit provenir d’une langue autre que la langue d’arrivée soit sur le plan sémantique, soit sur le plan morphologique. Les lexies collectées ne proviennent pas toutes de la langue française, quand bien même les affixes qui leur seraient accolés seraient français. Parmi celles-ci, nous avons des lexies telles que chailleur ou shailleur, quadonnerie, perdiemiste qui portent des affixes de la langue française (-eur, -erie, -iste) mais leurs racines respectives ne proviennent pas de la langue française (chaille, quado, per diem). Per diem est un mot d’origine latine et quado, nom propre d’un ressortissant grec qui possédait un garage à Kinshasa dans les années 60. En revanche, l’origine de chaille nous est inconnue. Une telle observation devrait normalement nous permettre à pousser des investigations pour arriver à déterminer son origine.

En revanche bambouleur et maffiale ou anti-maffia possèdent des bases (bamboula, maffia) qui,  quand bien même elles seraient d’origine autre que française, appartiennent depuis peu au lexique du français standard. 

  1. Des néologismes et de leurs catégories grammaticales

Le français de référence comprend neuf catégories du discours ou classes grammaticales parmi lesquelles nous citons les déterminants, les substantifs, les verbes, les adjectifs, les pronoms, les conjonctions, les adverbes, les prépositions, les interjections. De toutes ces catégories, ce sont surtout les verbes, les substantifs et les adjectifs qui sont susceptibles d’accueillir de nouveaux éléments. Elles sont considérées comme des classes ouvertes, contrairement aux déterminants, aux pronoms qui sont  au préalable connus et appartiennent à des classes fermées, c’est-à-dire leur nombre est limité. Les conjonctions, les adverbes et les prépositions sont des classes qui, dans bien des cas, se chevauchent. Une même lexie peut appartenir à ces différentes catégories selon qu’elle se trouve dans tel ou tel environnement : par exemple, devant est préposition dans « on ne peut rester indifférent devant une telle catastrophe. », il est adverbe dans « en passant devant, il n’a pas pu s’empêcher d’entrer. » De même après est préposition dans « nous sortirons après le déjeuner. », adverbe dans « il termine son travail et vient nous rejoindre après. » et il devient locution conjonctive lorsqu’on lui adjoint la conjonction que dans « il a disparu après qu’on lui a demandé de l’aide. »

C’est pour dire que ce sont des catégories très complexes, et cela empêche l’intégration d’autres éléments nouveaux dans leur milieu. Il est plus facile d’introduire des nouveautés dans un environnement qui est propice à l’intégration plutôt qu’à un environnement qui ne l’est pas.  Toutefois nous avons pu relever des adverbes de manière dans notre corpus parce qu’ils sont la plupart de temps créés à partir de la suffixation des adjectifs qualificatifs à l’aide du segment –ment : pluriellement, expilcablement. Mais la majorité des lexies font partie des substantifs : anti-valeurs, amuserie, bourreaune, démantalisation, chambriste, électrocuteur,… ; des verbes : disponibiliser, poubelliser, accolader, se candidaturer, … ; des adjectifs : anti-maffia, (à titre) exemplatif, incidentiel, …   En revanche, comme nous l’avons relevé ci-dessus, aucun pronom ni aucun déterminant ne font partie de notre corpus des néologismes. Le français rdcongolais n’emprunte ni n’innove dans ces catégories, à côté desquelles on peut ajouter les conjonctions, les prépositions. Nous affirmons enfin que la néologie pour les adverbes ne porte que sur les seuls adverbes de manière.

Conclusion

En guise de conclusion, nous disons que l’appropriation du français à Kinshasa a conduit inexorablement ses locuteurs à l’innovation. Les lexies analysées démontrent à suffisance que les locuteurs kinois se sont imprégnés de la langue française, ils en ont fait leur. Ces lexies qui, à première vue, semblent appartenir à la langue de référence, ne sont que des néologismes. Nous avons énoncé les différents mécanismes qui ont concouru à leur création tout en passant en revue les catégories du discours qui sont susceptibles d’intégrer de nouvelles unités et celles qui n’admettent pas des néologies. Avec le temps, la créativité lexicale des locuteurs kinois pourra innover dans le sens de ces catégories qui semblent à ce jour fermées.

           

Bibliographie

APOTHELOZ, Denis (2002), La construction du lexique français. Principes de morphologie dérivationnelle, Paris, Ophrys.

CORBIN, Danielle (1987), Morphologie dérivationnelle et structure du lexique, Tome I, sens et structure, Presses Universitaires de Lille.

CALVET, Louis-Jean (1980), Les sigles, Paris, Presses Universitaires de France. 

DIKI-KIDIRI, M., JOLY, H. et MURCIA, C. (1981), Guide de la néologie, Conseil International de la langue française, Paris.

NIKLAS-SALMINEN, Aïno (1997), La lexicologie, Armand Colin, Paris.

SCHMITT, Christian (1998), « A propos de la création des noms de personnes : contribution à la formation des mots en français africain » in Le français en Afrique n°12, Université Nice, Nice.

THOA TSAMBU, Gisèle (2012), La créativité lexicale dans le journal satirique Le Manager grognon : étude lexico-sémantique, Université Nice-Sophia Antipolis, Nice. (Thèse inédite)

 

 

Annexe

A

A TITRE EXEMPLATIF loc. À titre d'exemple.

« Fallait-il, à titre exemplatif, déplacer un ministricule pour accompagner les athlètes congolais partis à la conquête des défaites à Abuja au Nigeria ? » (Le Manager Grognon n°456 du 6 novembre 2003).

 

ACCO sigle d’Association des Chauffeurs Congolais.

« Plus froussard que jamais, l’auto-irritée a cru bon de devancer les chauffards de l’ACCO en les plaçant devant le fait accompli. » (Le Manager Grognon n°418 du 19 février 2003).

 

ACCOLADER v. Fait de prendre quelqu'un dans ses bras pour le saluer ou pour le congratuler publiquement.

« Le pauvre Patte-Assez vient d'apprendre à ses dépens qu'on a beau être accoladé par les effleures chiraquiennes et étreint à la réunion de France-Afrique par tous les roitelets négroïdes, rien ne garantit plus un pouvoir que son populo.»(Le Manager Grognon n°424 du 19 mars 2003).

AIGLETIQUE adj. Relatif à l'aigle de Kawele.« … une trouvaille de Moustache Niasse qui donne des torticolis aux ndomboleurs de tous bords, le caniche national a pris langue avec Me Mouton-beau, l’une de grosses légumes du régime aiglétique et membre influe de parti-Étau. » (Le Manager Grognon n°400 du 7 octobre 2002).

AMBIANCEUR n. m. fêtard

 

AMUSERIE n. f. Fait de s'amuser ; action de s'amuser.

« C’est dans ce spectacle d’autosatisfaction et d’amuserie des parle-et-menteurs que Mounze-junior s’est même trompé des chantiers en incluant à l’actif de son gouverne-et-ment la construction des hôpitaux Mutombo et Chinois à Kisasa-est, œuvres largement antérieures aux cinq inventions quinquennales. »(Le Manager Grognon n° 618 du 11 juillet 2007).

 

AMP  Alliance pour la Majorité Présidentielle constituée en 2006 dans le but de donner la victoire à Joseph Kabila, elle regroupait plusieurs partis politiques (PPRD, Alliance pour le Renouveau Congolais ARC, PALU, UDEMO, ...).

 

AMPEEN partisan de l’AMP.

 

ANTI-MAFFIA adj. Qui lutte contre les magouilles.

« Les anciens députés n’attendaient que le dernier coup de sifflet du cycle parlementeur de l’Acl-Péteux pour déployer la grosse artillerie anti-maffia. »(Le manager Grognon n°436 du 11 juillet 2003).

 

ANTI-VALEURS n. f. pl. Fréq. (Souvent au pluriel) Mauvaises manières ; ce qui est contraire à la morale.

« La finalité de ce séminaire, c’est d’inculquer aux futurs cadres, le sens de responsabilité en luttant contre les anti-valeurs, en prônant la reconstruction morale et spirituelle et la sauvegarde de la souveraineté nationale qui est un élément sacré. »(Le Mg n° 457 du 11 novembre 2003).

 

B

BAGATELLE SOMME n. f. Grande somme d'argent.

« Néanmoins, je suis désolé d'apprendre que mon fiston bio-politique a déboursé une bagatelle somme de 5.00.000 $ Usés » (Le Manager Grognon n°422 du 12 mars 2003).

 

BAMBOULEUR [bambulœr] n.m. Fêtard, ambianceur.

« …, il faut rompre avec la naïve attente des miracles célestes et taper sur la tête des prédateurs, traîtres, bambouleurs et ndomboleurs qui nous dirigent. » (Le Manager Grognon n°434 du 23 juin 2003).

 

BEAUF n. m. troncation de beau-frère 1. Frère du conjoint 2. Mari de la sœur.

« Ces fonds flous sont gérés par le par-terre Q de dindon, le beauf des rwandingues » (Le Manager Grognon n°419 du 24 février 2003).

 

BEAU-FRERISME n. m. Système qui consiste à ne s'occuper d'abord que des membres de sa belle-famille.

« Il s’agit du népotisme, tribalisme, beau-frérisme et belle-soeurisme, égoïsme et machiavélisme sous toutes les couleurs. » (Le Manager Grognon n°448 du 26 septembre 2003).

 

BELLE-SOEURISME voir beau-frérisme. 

« Il s’agit du népotisme, tribalisme, beau-frérisme et belle-soeurisme, égoïsme et machiavélisme sous toutes les couleurs. » (Le Manager Grognon n°448 du 26 septembre 2003).

 

BOURREAUNE n. fém. Féminin de bourreau 1. Personne d'une grande cruauté qui fait souffrir physiquement ou moralement des personnes de son entourage(péj.) 2. Personne coupable de crimes barbares.

« C’est de justesse que le bidasse sera tiré par ses collègues des crocs de sa bourreaune. » (Le Manager Grognon n°459 du 22 novembre 2003).

 

BRASSICOLE Par THOA TSAMBU Gisele, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024