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                    Mon Expérience d’Auteure

                        Christine FALANGANI MVONDO

 

Je remercie les organisateurs, spécialement le professeur Gabriel SUMAILI, pour avoir pensé aux femmes écrivaines et pour l’opportunité qu’il nous donne de nous présenter devant cette tribune savante.

 

                               ‘’Mon expérience d’auteure’’, voilà ce qui m’a été demandé de développer.

 

Je dirai qu’il y a autant d’expérience d’auteur qu’il y a des auteurs. Autrement dit, chaque auteur a son expérience.  J’essayerai de présenter mon expérience avec espoir que je ne décevrai pas mes auditeurs.

 

                            Je parlerai de mon expérience en cinq points ci-après :

 

  • D’où m’est venue l’idée d’écrire ;
  • Mes sources d’inspiration ;
  • Mon lieu d’écriture ;
  • L’effet d’être écrivain ;
  • Avantage tiré de l’écriture.

 

 

  1. D’OÙ M’EST VENUE L’IDÉE D’ÉCRIRE ?

 

Ce qui m’a poussée à écrire ?

 

L’idée d’écrire s’est imposée à moi dès l’âge de 9 ans alors que j’étais en quatrième année primaire. Détenant un livre en mains, émerveillée de voir ce document plein d’écrits, j’ai voulu savoir d’où venait la matière, les idées, les écrits contenus dans ce livre ? Il m’a été répondu par ma maîtresse que quelqu’un les avait écrits.

 

Ma tête de fillette de neuf ans n’en revenait pas. Quelqu’un a donc sorti de sa tête tout ce qu’il a consigné dans ce livre !  Etonnée de voir qu’une tête humaine pouvait contenir tant de choses, je me suis dit : moi aussi je dois sortir des idées de ma tête pour les présenter aux gens à travers un livre. Dès lors j’ai rêvé d’écrire.

La mission catholique où j’ai fait mes études primaires et secondaires (humanités) comptait trois Instituts d’enseignement. Quand je passai en deuxième secondaire, l’un de trois Instituts créa une revue et il  lança des appels à contribution de textes à publier ; je rédigeai un  conte qui fut très apprécié par les élèves.

 

                            Je me rappelle qu’à l’époque, le défunt Père MATADI, à cause de mes griffonnages, m’appelait « la journaliste ».

 

  1.  MES SOURCES D’INSPIRATION

 

Chaque texte a sa source d’inspiration :

 

  1. Le chemin de la vie (1987) 

 

En 1987, à Kisangani, l’Ambassade du Canada et la Fondation Universitaire du Zaïre organisent un concours. Il s’agit d’écrire le récit de vie de quelqu’un dont la vie pouvait apporter un témoignage quelconque sur l’histoire de notre pays. J’ai décidé d’y prendre part et j’ai remporté le premier prix. Pour honorer cette réussite, mon patron, le Directeur Général du BASE, a décidé de publier mon texte qu’il a fait préfacer par le professeur Isidore Ndaywell.

 

 

  1. La Chaîne Infernale

 

Inspiration : une étudiante avait l’habitude d’attendre son amant chaque jour dans un bistrot. Mon mari était l’ami de cet amant, propriétaire du bistrot.

Alors quand il rentrait à la maison, il s’en prenait à moi, arguant que les filles universitaires étaient des prostituées qui couraient derrière les hommes pour de l’argent.

Cette situation s’est répétée plusieurs fois et je recevais les mêmes récriminations et cela m’a inspirée la chaîne infernale.

 

 

 

  1. Au Royaume des sables

 

En 2000, le Ministère de la Culture et des Arts lance un concours sur le thème « La Paix se gagne ». J’y ai pris part avec un conte intitulé « Au royaume des sables » et il a obtenu le 1er prix de sa catégorie.

Auparavant, il y avait eu la guerre à Kinshasa, les membres de famille de Tshangu se refugièrent chez nous à Matete. Sans courant électrique, les nuits, comme les jours d’ailleurs, étaient longues et il fallait les meubler pour que la dizaine d’enfants présents ne s’ennuie pas.

 

Née dans l’arrière-pays, loin de la télévision, j’avais passé mes soirées autour du feu, agrémentées par des contes.

 

                              J’ai alors commencé à raconter nos vieux contes aux enfants qui en furent très émerveillés.

 

La guerre prit fin et le jour du départ, les gosses refusaient de s’en aller, disant : ‘’Maman Kulutu, que la guerre recommence pour que tu continues à nous narrer les contes.’’

 

                               Je leur promis que j’allais mettre cela par écrit afin qu’ils puissent à leur tour les raconter aux autres. Et j’ai tenu ma promesse.

 

  1. La nièce du dinosaure

 

Source d’inspiration :

 

Un jour, me trouvant  dans la file indienne à l’attente du bus devant la Grande Poste, je suivais la discussion entre trois messieurs qui étaient à côté de moi ; ils se racontaient leurs aventures de jeunesse.

           -   Mon cher, tu te rappelles notre ami Pascal, dit l’un   

                d’eux.

  • Comment donc, celui-là même qui avait confisqué la femme du boss ? Nous avons tout fait pour le ramener à la raison, mais en vain !
  • Et Tabu Ley lui a dédié la chanson « Mwasi ya Kulutu na kobanga makambo ».

 

J’ai trouvé cette conversation très intéressante et curieusement elle m’a inspiré ‘’ La nièce du dinosaure’’.

 

 

  1. LES LIEUX D’ÉCRITURE.

 

Je n’ai pas un lieu fixe pour écrire. J’écris à mes heures libres : Dans une salle d’attente, à mes heures de pause au travail, devant la télévision, quand je prépare la nourriture à la maison ; bref, partout où j’ai une minute de libre, je m’assois et je griffonne.

Souvent je griffonne à la main, pour saisir après ; mais parfois je saisis directement si la machine est disponible.

 

  1. L’EFFET D’ÊTRE ÉCRIVAINE

 

Me savoir écrivaine me procure de la joie, la satisfaction interne, la fierté et le sentiment que j’occupe une place importante dans la société. Et je crois que c’est tout ce que tire la plupart des Congolais comme avantage d’être auteur.

 

Etre écrivain est un don que Dieu ne donne pas à tout le monde. Je me dis alors avec modestie, que je suis quand même de la race des exceptions.

 

 

  1. AVANTAGE MATÉRIEL (VENTE DU LIVRE)

 

C’est la grande déception d’être écrivain congolais. Alors qu’ailleurs les auteurs vivent de leurs écrits, tel n’est pas le cas en RDC. Le circuit classique de production, vente et distribution du livre est inexistant.  L’auteur prend seul en charge la production de son livre ; c’est-à-dire tous les frais y afférents.

Il retire toute sa production et doit se battre pour la vendre.

 

Le livre se vend mal, à compte-gouttes, si bien qu’à la fin du stock, l’écrivain se retrouve les mains vides et a des problèmes à réunir les moyens pour une autre publication.

                               D’ailleurs, plusieurs manuscrits moisissent dans les tiroirs des écrivains, faute de moyens financiers pour les déposer aux maisons d’édition.

 

Néanmoins, je reconnais avoir reçu une reconnaissance nationale marquée par :

  • Quelques décorations et gratifications des autorités du pays (présidence de la République, ministère de la Culture et des Arts, Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire).
  • Affectation à l’Enseignement Supérieur et Universitaire, en l’occurrence à l’Institut Supérieur de la Gombe.
  • Plusieurs interviews avec la presse (radios et télévisions).
  • Invitations dans les écoles pour dialoguer avec les élèves.
  • Participation au « Café littéraire » à la Faculté des Lettres, au Département des Lettres et civilisation françaises de l’Université de Kinshasa.
  • Entrée dans plusieurs associations d’écrivains dont PEN/RDC et Union des écrivains congolais, où je côtoie des grands écrivains professeurs d’Université.

  

 

Par Christine FALANGANI MVONDO, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024