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Pour une prise de conscience face à la complexité de la vie

           Par Marthe Bosuandole Bulamatari

L’Auteure

Née en 1974 à Isangi (en République démocratique du Congo, RDC) d'un père enseignant et d'une mère infirmière, je suis licenciée agrégée en Sciences des Communications sociales des Facultés catholiques de Kinshasa (actuelle Université Catholique du Congo, UCC). Journaliste à l'Agence France-Presse (AFP) à Kinshasa, passionnée des questions de droits de l'homme et de justice sociale, j’ai un penchant pour les problèmes politiques et militaires.

Amoureuse de la lecture et de l'écriture, je suis auteure des romans Wichawa, Amour à tout prix! et Prédateurs masqués dans lesquels sont successivement abordés les thèmes de la liberté et de la justice.

Les débuts et le parcours

Mes débuts dans l'écriture littéraire ont plutôt été doux et timides. Tout est parti de ma passion pour les belles-lettres (bien qu'aux  humanités je n'avais pas suivi la filière littéraire mais scientifique, Bio-chimie). Adolescente, j'ai plus lu des auteurs congolais tels Zamenga, Mudimbe avant de découvrir d'autres auteurs étrangers, francophones essentiellement. Très vite, j'ai pris du goût pour le roman. J'ai alors nourri le rêve de pouvoir me lancer dans cette aventure.

Quand j'ai proposé mon premier manuscrit aux Éditions Médiaspaul fin 2014, il a été accepté sans trop de difficultés et "Wichawa, Amour à tout prix !" a été publié sept ou huit mois plus tard pour le compte de cette maison d'édition. Pour mon deuxième roman, "Prédateurs masqués", j'ai frappé aux portes des Éditions Mabiki. Deux mois plus tard, le roman a été publié sur le compte de l'auteure. Comme pour la lecture, j'écris d'abord pour mon propre plaisir... Lire un bon livre, écrire un beau paragraphe c'est comme déguster un bon plat, une bonne boisson. Dans le processus d'écrire, je vais à mon rythme.

Les œuvres  

Wichawa, Amour à tout prix !

Le roman Wichawa, Amour à tout prix ! a été publié en 2015 aux Éditions Médiaspaul. Il raconte l'histoire d'une jeune femme, Wichawa, qui avait toujours rêvé d'épouser un homme qui ferait d'elle la mère de ses enfants, un bel homme qui la placerait dans cette maison idéale dans laquelle elle serait comblée de bonheur et régenterait tout, parce qu'elle sera cette femme sortie de l'ordinaire. Un beau matin, tout cet univers s'est effrité comme cire au soleil. Ces rêves se sont volatilisés, et tout cet univers fantasmagorique s'est effondré comme un château de cartes. L'ex-fiancée sait que c'est la mère de l'homme qu'il aime est la pièce maîtresse de toutes les intrigues qui se tissent  autour de leur relation amoureuse. Pointilleuse et regardante, elle s'est opposée farouchement à une liaison jugée dangereuse en raison des vielles querelles intestines entre les clans.

Contre mauvaise fortune, Wichawa a décidé de faire bon cœur en sortant de ce carcan social et en brisant les tabous en tombant dans les bras d'un homme marié. Croyant trouver la clé de son bonheur, elle nageait à contre-courant, avant de jeter l'éponge sur cette relation jugée trop osée devant le regard accusateur de la société... Passer à autre chose, à une autre relation, elle aura gagné en liberté, en assurance. C'est à la fois pour elle une manière de manger froid le plat de sa revanche sur cette société qui en remontre un peu à tous. A travers essai et erreur, Wichawa a cru à son droit à l'amour, au bonheur. A travers rencontre, hésitations, doutes, échecs et déceptions, elle a traqué son bonheur. Wichawa a choisi d'être heureuse et elle a trouvé gain de cause.

"Wichawa, Amour à tout prix !" est donc une histoire d'amour qui se moque des a priori et autres barrières artificielles que tissent nos mains humaines et qui souvent se révèlent des véritables freins au bonheur des cœurs.

Le bonheur c'est un choix, si on ne le trouve pas sur son chemin, s'il ne s'offre pas à soi, on peut l'inventer.

Prédateurs masqués

Publié en novembre 2019 aux Éditions Mabiki, le roman "Prédateurs masqués" raconte l'histoire d'un prêtre catholique congolais accusé de vol et traduit en justice par son évêque dans le cadre d'un règlement de comptes. Incarcéré à Makala, la grande prison de Kinshasa, il y sera jugé et condamné par une justice aux ordres avant de bénéficier d'une grâce présidentielle et être libéré. De nouveau menacé d'arrestation par son évêque, ce prêtre - qui clame son innocence et réclame une confrontation avec son accusateur devant un tribunal ecclésiastique pour faire éclater la vérité - a été obligé de s'exiler dans un pays voisin dans l'indifférence totale de la hiérarchie de l’Église.

"Prédateurs masqués" est l'histoire romancée d'un jugement inique orchestré par les puissants et les riches contre un pauvre type, comme c'est malheureusement souvent le cas en République Démocratique du Congo, pays mystérieux et mythique aux multiples crises. L'histoire se passe dans un pays où les plus forts, les puissants, sont protégés et ont toujours raison, tandis que le faible et le pauvre n'ont que leurs yeux pour pleurer. Cela est d'autant vrai pour les laïcs que pour les clercs.

"Prédateurs masqués", raconte ainsi des histoires causasses de jalousie, des histoires cochonnes qui, dans tous les milieux de la société, divisent les hommes et démontrent que l’homme est un loup pour l’homme. Toutes ces histoires que l’on vit chaque jour avec une dose d’incroyable naïveté dans la société congolaise d'aujourd'hui ont systématiquement transformé le pays en deux camps : celui de ceux-là qui, aux ambitions démesurées, se révèlent cupides et sans foi ni loi. Exigeants, ils ont en face d’eux, le camp de ceux qui encaissent les coups, sans broncher, et qui doivent boire jusqu’à la lie leur coupe, car, par tous les moyens, ils doivent remuer ciel et terre et chercher à apaiser les instincts paranoïaques de ceux qui, sans vergogne, les exploitent à volonté.

L’inspiration

Pour mes écrits, je m'inspire de ce qui se passe autour de moi. Mes lectures, mon travail de journaliste influencent ma plume et forge ma vision du monde.

C'est l'homme, la société, des faits de la vie qui réveillent ma curiosité et m'incite à inventer mon monde romanesque. Ces histoires ordinaires que j'affectionne, ce monde fictif inspiré du réel que j'invente, je les raconte  sans tabou, sans mettre des gants, de façon légère et crue, même avec humour et pourquoi pas en étant provocatrice.

Mes ambitions

Il s'agit de pousser à une prise de conscience face aux réalités et à la complexité de la vie. Les histoires que je raconte, se rapprochent le plus possible du vécu, du quotidien. Pour mes deux premiers romans, souvent mes lecteurs me posent cette question : est-ce que vous parlez de vous-même? (mon papa de qui j'ai hérité le goût de la lecture m'a posé la même question pour les deux romans, raconte-t-elle). Ce n'est pas une autobiographie, madame ? Comme réponse souvent: Je souris et là, je suis heureuse car c'est une preuve pour moi que "mes histoires" peuvent être incarnées ou considérées comme telles.

Pour la suite de ma carrière, je voudrais écouter davantage ce qui se dit, voir ce qui se vit ou se fait autour de moi, écouter la vie, écouter les êtres et inventer un monde, mon monde et le raconter tout simplement avec ma part d'humanité.

Aborder certains sujets et pas d'autres, c'est aussi pour moi une question de choix, une question de fidélité aux valeurs auxquelles je crois, notamment mon héritage culturel. Sans trahir mes aspirations et convictions profondes. C'est m'accrocher à ce que je crois et à mes valeurs culturelles.

Les difficultés

Jusque-là, j'écris à mes heures libres, et ce n'est pas évident d'en trouver avec mon travail. J'aurais bien aimé avoir un peu plus de temps mais hélas ! Le plus souvent, j'écris pendant mes heures d'insomnies.

Outre le temps matériel pour écrire, financer sa publication, la faire connaître (marketing) ou encore assurer la distribution de l’œuvre n'est pas une mince affaire. Le pays manque des structures de promotion de la littérature tant au niveau national que local.

Trouver même un endroit pour faire la présentation de son livre relève d'un parcours de combattant. Avec mon deuxième roman, je voulais que le vernissage se fasse à la Bibliothèque nationale. J'ai payé les frais pour la location de la salle. A quelques jours de l’événement, on m'a remis mon argent estimant que cette cérémonie ne pouvait pas se passer en ce lieu. On m'a fait alors comprendre, en des termes polis, que mes écrits mettaient en cause des institutions et personnalités encore vivantes et/ou en fonction. Le baptiser à la Bibliothèque serait vu comme une façon de les cautionner. C'est ainsi que je me suis tournée vers la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles. A la veille du vernissage, la cérémonie a été reportée en raison de la pandémie de la Covid-19...

 

 

 

 

Marthe Bosuandole Bulamatari

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E-mail : marthebosuandole@gmail.com  ;    

         marthe.bosuandole@afp.com

 

Par Marthe Bosuandole Bulamatari, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024