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            Source, Itinéraire et Rêve de l’Ecrivaine         

                Elisabeth MWEYA TOL’ANDE

                                  projetsdiraf@yahoo.fr

 

Qui suis-je ?

 

Elisabeth Mweya Tol’ande, je suis née à Kinshasa en 1947, des parents originaires de Bandundu, qui n’ont pas fréquenté l’école mais papa, né en 1917, avait vécu dans une ferme-chapelle[1] dans le secteur du Kwilu, faisant partie du district de Kwango (époque coloniale). Comme il abhorrait les travaux des champs et d’extraction de vin de palme, il s’était réfugié dans la localité extra-coutumière de Masimanimba où il fut employé comme cuisinier et lavandier dans la maison d’un blanc.

 

A Masimanimba, il fera la connaissance de ma mère, venue de son village pour veiller sur sa sœur hospitalisée. Elle était au début du veuvage de son premier mari, soldat de la Force Publique, décédé et inhumé à Lisala Ngomba (actuelle ville de Lisala) dans la province de l’Equateur où ils avaient vécu durant trois ans dans une caserne militaire.

 

Ma mère, née en 1914, n’avait jamais mis les pieds à l’école, mais avait vécu dans un milieu réglementé par les Blancs où elle apprit le savoir – être et faire d’une femme de la cité des Blancs.

 

Mes parents débarquèrent au début de la décennie 40 à Léopoldville où mon père fut embauché à Texaf (actuel Utexco). Homme intelligent, papa consacrait son temps libre à apprendre le métier de chauffeur-mécanicien et à lire et à écrire. Ses nouveaux atouts lui permirent d’être embauché par les travaux publics « TP » et d’être muté en 1950, lui et sa famille (moi y comprise), dans la localité de Kasongo-Lunda, un centre extra-coutumier, comme chef-mécanicien.  Plus tard, jusqu’à sa mort, il travaillera dans la Compagnie de transport en commun de Léopoldville (TCL) qui deviendra l’Office de transport en commun (OTC) avant d’être liquidé.

Mes études et mon parcours professionnel

 

Une école primaire ré-entamée en 1957 dès le retour à Léopoldville après les mutations de mon père tour à tour dans les localités de Kenge et Kasongo-Lunda (dans l’actuelle province du Kwango).

 

A la fin de l’école primaire, après un examen important appelé « diocésain », je fus admise à l’Institut Sainte Thérèse de Lisieux, l’actuel « Institut Kabambare ». Heureuse à la fois d’étudier dans un institut de grande renommée et d’être admise au couvent, comme postulante à la vie religieuse. Ces deux admissions m’avaient couverte d’une auréole glorieuse. Mon admission au couvent était annoncée au cours des messes durant toute une semaine et les gens de ma commune étaient contents et d’accord pour mon entrée au couvent, me considérant comme une fille exemplaire.

 

Après deux ans de candidature en philologie romane à l’Université Lovanium (actuel UNIKIN), une licence en journalisme, journalisme que j’ai pratiqué jusqu’en 1984 (tour à tour, au quotidien « Le Progrès », à l’hebdomadaire « Afrique Chrétienne », au quotidien « Salongo »). En outre, j’étais co-réalisatrice et présentatrice des émissions radio et télévision dont le magazine « F comme Femme ».

 

Licenciée en journalisme option critique littéraire à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information (ISTI) où j’ai été chargée des cours sur la méthodologie de la presse écrite et le Magazine, au titre d’assistante. J’interromprai mon cursus scientifique pour exercer tour à tour les fonctions d’animatrice et de productrice des supports audio-visuels pour l’éducation des adultes dans un projet de l’Association allemande pour l’éducation des adultes, puis celles de formatrice du monde rural à l’Inades-Formation Congo (animation des sessions de formation pour l’autopromotion du monde rural, co-réalisation des supports pédagogiques et du supplément Agri-Zaïre pour le trimestriel Agripromo).

 

Depuis 1992, je « manage » les programmes de la Fondation Développement Information Recherche Action Femme et Famille en sigle DIRAF, dont je suis la fondatrice. Concrètement, il s’agit d’une école privée « Lycée M’Elisa » avec les options maternelle, primaire et humanités et d’un programme d’animation et de formation des femmes et jeunes pour l’autopromotion. Depuis 2008, je participe au processus de la réforme de la police en RDC en qualité d’experte au Secrétariat exécutif du Comité de suivi de la Réforme de la police, CSRP en sigle.

 

Mon nom

Tout au long de mon parcours, j’ai signé tantôt comme « Elisabeth Françoise Mweya Tol’Ande », tantôt comme « Betty Mweya », tantôt aussi comme Elisabeth Mweya Tol’Ande. Croyant bien faire, j’ai dernièrement fusionné Elisabeth et Betty, m’accrochant encore  et le lecteur pourra rencontrer un jour Elisabeth Betty Mweya Tol’Ande. Constat à travers Google. C’est moi, c’est la même personne. Mais, désormais, je mets en évidence « Elisabeth Mweya Tol’Ande » parce que c’est ce nom qui fait partie de mon identité.

 

Dans l’ex-hebdomadaire  Afrique Chrétienne (descendant de la Croix du Congo) que M. Mobutu Sese Seko, Président du Zaïre (1965-1997) avait interdit de paraître et fait détruire ses archives, j’avais signé du surnom de « Mweta » dans « Le Coin du Curieux », un billet ou filet paraissant quotidiennement et dans la rubrique « Betty et ses amis », du diminutif de mon prénom. C’était durant les années 70. Depuis lors, le diminutif Betty a pris le dessus sur le noble prénom d’Elisabeth, sans pour autant le remplacer.

 

Le prénom Françoise a été porté accidentellement de 1966 à 1969, adolescente, avec une plume qui prétendait tantôt imiter Verlaine, poète français, tantôt aspirait à se soumettre à l’école de Dostoïevski, auteur d’Anna Karenine, mais plus souvent, imitait Léopold Sédar Senghor, le poète de la Négritude.

 

Mais hélas, après plusieurs essais infructueux et de pages remplies arrachées, chiffonnées et jetées, je m’étais éprise d’un récit intitulé « François », pour la simplicité et la clarté du style.

 

Mon mentor et coach à l’époque, le Révérend Père Blaffart, S.J, professeur de littérature au collège Albert 1er, devenu collège Boboto, m’avait remis ce livre à lire, s’étant sûrement aperçu que je tâtonnais en quête d’une identité littéraire. A la fois mon directeur spirituel et conseiller littéraire, le Cardinal Malula qui tenait à encadrer mes deux vocations, religieuse et littéraire, avait bien choisi mon mentor et coach.

 

Il me faut reconnaître tout de même la marque de Léopold Senghor sur moi, qui a transparu dans le poème « Incantation[2] » qui m’avait permis de gagner en 1967, le 10ème Prix de poésie Sébastien Ngonso, mon tout dernier prix, un trophée pour la jeune Mweya qui entrait timidement dans la sphère des poètes et écrivains qui émergeaient vers la fin de la décennie 60. J’ai jalousement conservé durant plus d’un demi-siècle l’exemplaire qui me fut remis, du recueil publié en 1968, par « Publication Extension universitaire », Lovanium, préfacé par André Drossart.

 

D’où me sont venues la vocation  et l’inspiration?

 

En remontant le temps, je me revois, élève de l’école primaire, dès le premier degré, entrain d’écrire, d’écrire et d’écrire dans mon cahier, après l’école. J’éprouvais une frénésie d’écrire, d’écrire le contenu qui montait de mon cœur vers mon cerveau. C’était comme si, en moi, se formait une pulsion à écrire, une écriture... Je lisais moi, les mots que je couchais fébrilement sur la feuille mais les autres avaient de la peine à déchiffrer mes récits d’enfant. Donc, il y avait en moi une écriture innée bien que sans forme qui a pu mûrir avec le temps.

 

Ensuite, l’Institut Sainte Thérèse de Lisieux, mon école, nous astreignait à lire au moins un ouvrage par mois et à en faire une sorte de recension écrite. Elle disposait d’une bibliothèque bien fournie. A mon don d’écriture inné, s’était ajoutée la passion de la lecture

 

Je pense que mon inspiration a été nourrie de mon ambition d’échapper de la médiocrité. A cette étape de mon existence, je rêvais de devenir pilote d’aviation ou cinéaste ; je savais que les études m’y ouvriraient la voie. Cette ambition folle m’avait protégée contre le glissement vers le mariage précoce qui était alors courant. Heureusement pour moi, j’entrai au couvent en 1964 où j’eus droit à une éducation raffinée dont s’occupaient des demoiselles espagnoles consacrées, les femmes les plus propres, les plus ordonnées, les plus féminines.

Le silence et la contemplation, facteurs favorables

 

Pour qu’éclatât mon talent d’écrivain, je fus confiée par « Monseigneur » aux bons soins du Père Blafart, Recteur du Collège Albert 1er et professeur de littérature. C’était un passionné de la littérature qui avait une grande sensibilité  pour me guider dans le choix de petits et grands auteurs, classiques ou non.

Le Père Blafart arrivait le soir en moto. Mademoiselle Marie – Paule Villanueva, la directrice, ou ses adjointes, Maria Pilar ou Conchitta, m’appelait pour aller le rejoindre dans un coin de la cour intérieure ou vers le fonds de la cour extérieure. Il me saluait en inclinant la tête, révérence à une future femme des Lettres, ou à une porteuse d’un don auquel « Monseigneur » tenait tant.

Il m’écoutait déclamer devant lui mes nouveaux poèmes et récits. Il emportait mes brouillons, les lisait, revenait le jour suivant ou le surlendemain avec non pas des remarques, mais des encouragements qui comprenaient aussi des corrections.

Le silence et la saveur de la musique classique. On nous avait imposé d’écouter la musique classique deux fois par semaine après la sieste. Assises en cercle, nous devions écouter Beethoven, Mozart, Haendel, et Chopin sans broncher. Mademoiselle Maria Pilar était là, pour que nous profitions bien de ces moments. Nous n’aimions pas cette musique. On ne nous demandait pas de l’aimer, mais de l’écouter. Plus tard, je suis devenue « amoureuse » de Beethoven et de Chopin qui, à leur tour, m’ont fait aimer les valses viennoises. Ce fut, dans le silence, un véritable slow entre la muse de la poétesse et la magie de cette musique qui coule dans l’âme et sollicite l’esprit, notre esprit. L’écriture devient une rampe qui fait monter jusqu’au 7ème ciel et vous fait goûter le bonheur et l’extase. Parvenu à cette dimension, l’écrivain ne manipule plus l’écriture mais l’écriture coule d’elle-même.

Mon père. Je rends hommage à mon père. Mécanicien à l’ex Compagnie des bus de transport en commun (TCL) de Léopoldville. A ma sortie du couvent, mon père m’imposait deux exercices auxquels il tenait fermement : une bonne sieste après le repas, exactement comme au couvent, la lecture ou l’écriture après un bon bain. Les visites étaient permises uniquement pour les amis et amies qui lisaient ou écrivaient avec moi. Papa passait de temps à autre près de là, faisant semblant de passer tout simplement. Mais je savais bien qu’il s’assurait que tout  était dans l’ordre voulu.

Mon entrée à l’université Lovanium en 1969, me permit de me lier d’amitié avec la poétesse et linguiste Clémentine Faïk-Nzuji, son frère Dieudonné Kadima Nzuji, poète  et sa sœur Caroline Baleka Nzuji, conteuse. Cette amitié fut florissante pour moi et réciproquement. Clémentine, fondatrice de la Pléïade du Congo qui engendra « Balise » fut la plaque tournante de rencontres entre écrivains poètes qui se ressourçaient mutuellement.

La création de l’Union des Ecrivains Zaïrois (UEZA) avait pris la relève de Balise par la suite3.

 

Œuvres

 

  • Recueil de poèmes « Remous de feuilles », paru aux Editions du Mont Noir, en 1974 ;

« L’hymne d’amour à l’absolu, même si mon ami Symphorien Mwamba avec lequel une promesse des fiançailles avait été ébauchée, apparaît en filigrane. Un bon nombre de poèmes de ce recueil ont été inspirés par l’élan de mon cœur pour celui à qui j’avais fait le vœu de lui appartenir, « Dieu ». Cette retraite à Manreza (Kimwenza), recommandée par le fondateur du couvent, Mgr Malula, devait ramener mon cœur entièrement à Dieu, après mon idylle avec Symphorien Mwamba, un amour interdit. Quelques autres poèmes insérés ont été écrits pendant la crise d’adolescence, la lutte entre la soumission volontaire à une règle et l’envol vers une liberté sans limites ».  

 

  • Récit « Ahata, suivi du Récit de la damnée », Editions Bobiso.

« Les personnages créés par mon imagination mais dans un contexte des années 70 à Kinshasa. Le départ du fiancé aux études en Europe, l’attente patiente de la jeune fiancée, une bonne fille serviable envers ses futurs beaux-parents, une autre jeune fille, artiste, aux allures libérées, une libre penseuse en marge des traditions ; le fiancé parjure, qui se marie en Europe avec une blanche et provoque tollé et larmes dans sa famille (pour qui, épouser une blanche ou un blanc, c’est se perdre), déception profonde chez Ahata. Un autre jeune homme bien, ami du fiancé s’est rapproché de Ahata et empêcha la déception de la miner. Les deux favoriseront l’acceptation du couple mixte par la famille du jeune homme. Une histoire qui a bien commencé et qui a bien fini. L’auteur, moi, avais décidé de ne faire « échouer » personne. Même l’artiste, dans son genre, n’est pas une mauvaise personne. Elle est là pour montrer que dans la société, il peut exister plusieurs approches, d’où la liberté de choix et la tolérance et le respect du choix de l’autre. Le récit de la Damnée, par contre, met en scène des personnages qui ont vécu. Le mariage forcé était une contrainte qui privait les jeunes de la liberté de se choisir un ou une partenaire pour la vie. Dans ce récit, le refus de la jeune fille lui a valu la malédiction du père : « Tu n’enfanteras pas ».

 

  • Essai « Moi, femme, je parle », paru aux Editions  Grain de Sel en 1994.

« Un texte construit en tableaux construits par une féministe (l’auteur) ».

 

  • Trois poèmes du recueil inédit « Le Fil des Jours », parus dans Eloizes, revue acadienne des écrivains acadiens, en automne 1983 (titres suivants : « La fête est finie » ; « Femme chauve-souris » ; « Sortilège » ; « Extase ») ;
  • Des poèmes publiés dans des recueils d’ensemble : dont, «  Civilisation à la Barre » du Cercle littéraire Ngongi, dans le cadre de L’Union des Ecrivains Zaïrois (UEZA).

 

Œuvres inédites

 

  • A l’épreuve du sida, fragilité humaine et secours divin » ;
  • Femme de la cité des Blancs ;
  • Récit d’une campagne électorale ;
  • L’humanisme sous les gratte-ciel, Récit d’un séjour au pays de l’oncle Sam
  • Une étoile dans la nuit (récit)
  • Le fil des jours (poèmes)

Prix littéraires

  • Prix de poésie Sébastien Ngonso, Université LOVANIUM en 1967 ;
  • Lauréate du Concours littéraire Président J.D.Mobutu en 1970 ;
  • Médaille de bronze du mérite des arts, sciences et lettres en 1976 ;
  •  Médaille d’or de mérite civique en 2006 (Chancellerie des Ordres nationaux)

 

Membre de la Pléiade, Balise, et de l’Union des     

écrivains congolais (à l’époque UEZA).

Elisabeth Mweya Tol’Ande

Kin, le 23/5/020

Tél :243997585411 ; 243853446750

Email : projetsdiraf@yahoo.fr

 

 

 

 

[1] A l’époque coloniale, les missionnaires avaient ouvert des fermes-chapelles pour y former les jeunes un peu loin de leurs coutumes, afin  d’en faire des agents de changement qui feraient abandonner progressivement les us et coutumes dans les villages ; en somme, un noyautage de l’identité socioculturelle.

[2] Extrait : « Ah Congo ! Congo ton empreinte marque ma chair ; ton pouls profond rythme le chant des jours nouveaux ; Ton regard de masque tutélaire penché sur ma face noire, couleur d’or épuré ; Comment ne te chanterai-je pas  en face de tes antagonistes! »

 

3 Après l’exil de la Faculté des Lettres à Lubumbashi par le président Mobutu, dans le cadre de la réforme ayant donné naissance à l’UNAZA.

Par Elisabeth MWEYA TOL’ANDE, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024