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1.-Espoirs et attentes des jeunes écrivains

Pour les jeunes écrivains en quête de modèles, désireux de soutien et d’espace d’encadrement, le plus grand mal est sans nul doute le manque d’associations entre les écrivains, et l’absence de contacts entre aînés et débutants. Alors que, tant les uns que les autres, ils ont, indéniablement, un grand intérêt à organiser des structures d’échange susceptibles de faire découvrir les anciens et d’aider les jeunes écrivains à mieux pouvoir s’orienter, à reconnaître en eux les talents parfois cachés pour mieux les cultiver.
Pourquoi, s’interrogent les jeunes, de nombreux écrivains préfèrent aller vivre à l’étranger, solitaires, au lieu de privilégier le partage et la chaleur des associations ? Ils constatent, en effet, que dès lors qu’un écrivain sent qu’il a percé, il s’en va ; le voilà dans la diaspora, et ses oeuvres sont publiées en exil, inaccessibles aux lecteurs du pays. Ce faisant, il n’a plus l’occasion de partager son expérience, ses idées, avec les jeunes. Et cette absence d’échanges rend la littérature congolaise “orpheline de son lectorat”, pour reprendre la thématique chère au Professeur Célestin Ngabala Bubengo.
Or, de nombreux et fervents lecteurs, jeunes et moins jeunes, sont avides de ces ferments littéraires pour apprendre, se former et, pourquoi pas, parvenir eux aussi à apporter leur pierre à l’édifice de cette culture congolaise si rayonnante à travers le monde dans les autres domaines artistiques (peinture, sculpture, céramique, métal battu, musique…).
La frustration des jeunes ne s’arrête pas là. On constate, en outre, que même dans les programmes des cours des filières du français au niveau universitaire, il n’existe pas de cours de « Littérature congolaise ». Quel paradoxe2 ! Quels textes doivent donc connaître et analyser les étudiants finalistes dans leurs recherches de fin de cycles : les romans séculaires de la littérature française (V. Hugo, Balzac, Flaubert…) ou les oeuvres francophones d’Afrique, qu’on nous enseigne à travers les cours de « Littérature négro-africaine » ? Qui peut nous assurer que tous ces textes n’ont pas déjà été abordés à travers le monde, et même ressassés ?
C’est peut-être là que réside le secret de l’engouement dont bénéficie une asbl telle qu’Ecrivains du Congo qui a su regrouper plusieurs générations d’écrivains : la soif d’appartenir à une association au sein de laquelle un jeune découvre des oeuvres créées et un moins jeune accompagne des oeuvres en création.
Or, ce début de l’année 2022 a été témoin d’un événement marquant. En effet, après avoir dirigé pendant plus d’un an l’association Ecrivains du Congo asbl qui s’impose comme la plate-forme fédérant les écrivains congolais, Bia Buetusiwa Hervé Michel vient de quitter ses fonctions. C’est pour nous l’occasion, tout en prolongeant une réflexion sur ces aspirations des jeunes écrivains, d’explorer la situation des différents regroupements des gens des lettres congolais.

2.-Des “Samedis artistiques” à “La Pléïade du Congo”

A vrai dire, ce ne sont pas les confréries d’écrivains qui ont manqué en RD.Congo depuis l’indépendance. Ce besoin de coaliser les efforts pour la connaissance mutuelle et l’évolution commune a été ressenti depuis très longtemps. En effet, le mouvement associatif dans l’univers des écrivains congolais a existé dès l’année 1965.
L’initiative prise par Edmond Witahnkenge wa Lukumbu Bene, écrivain et conférencier infatigable à travers les « Samedis artistiques » qu’il animait dans les différentes salles paroissiales des communes de la capitale à la recherche des écrivains détenteurs de manuscrits a été à la base de la création des Editions Belles-Lettres au Haut-Commissariat aux Affaires Culturelles et au Tourisme où il occupait les fonctions de Directeur.
En rassemblant les écrivains, le projet de Witahnkenge était d’affirmer et “illustrer” l’existence au Congo d’une littérature susceptible de contribuer au développement. Ses efforts ont abouti à lancer une trentaine d’écrivains grâce à l’édition de leur recueil individuel de poèmes. En outre, après la publication de son Panorama de la littérature ntu (1968), il a publié le Répertoire bibliographique des écrivains congolais (1970).
Entre-temps, au début de 1966, la dynamique des écrivains se mua, en s’élargissant, en une association sans but lucratif, « La Pléiade du Congo », avec comme présidente la poétesse Clémentine Nzuji. Chaque premier samedi du mois, ce cénacle accueillait, dans un salon au Rond-Point Forescom, des artistes congolais et européens, toutes disciplines artistiques confondues :
peintres, céramistes, sculpteurs, écrivains, musicologues, amateurs et critiques d’art, etc.
Dès 1968, ce fut au tour du poète et historien Isidore Ndaywel de prendre le relais et présider aux destinées de La Pléiade du Congo. Mais la décision des autorités politiques d’exiler la Faculté des Lettres à Lubumbashi (consécutivement à la réforme de l’Université intervenue en août 1971) sonna le glas de cette association. Le noyau d’écrivains qui déjà s’affirmaient au sein de la Faculté en remportant les Concours littéraires organisés au pays, fut dispersé loin de la capitale.

3.-L’Union des Ecrivains congolais (UECo)

L’UECo a été créée en 1972, dans le cadre de l’émergence des grandes associations corporatives des acteurs du secteur culturel : l’Union des Ecrivains zaïrois (UEZa) ; l’Union des Musiciens zaïrois (UMUZa) ; l’Association internationale des Critiques d’art/Section Zaïre (AICA/Zaïre), première section africaine de l’AICA et qui connut le triomphe avec la tenue de son troisième congrès à Kinshasa du 10 au 23 septembre 1973 ; l’Union nationale des associations folkloriques du Zaïre (UNAFOZA) ; la Société nationale des Editeurs, Compositeurs et Auteurs (SONECA) dont la création remontait à l’année 1969, etc.
Artisan de la création de l’UEZa, l’écrivain Philippe Masegabio Nzanzu était alors chercheur à l’Institut de Recherche Scientifique (I.R.S.) où il avait initié la revue Dombi dont il exerça les fonctions de rédacteur en chef. Philippe Masegabio Nzanzu fut le tout premier président de l’UEZa.
Les statuts de l’UECo ont officialisé l’existence des salons littéraires comme structures basiques. A travers chaque commune de la capitale et dans chaque chef-lieu des 9 provinces (de l’époque), fonctionnait un regroupement d’écrivains : Salon littéraire ou Cercle littéraire. Naquirent ainsi des salons ou cercles ci-après: Balise, Ngongi, Ujio, Ndoto, La Plume sacrée, Pléiade et traditions, Mélangistes, Tshiondo, Asali, Berceau de la plume, Salisco, Renouveau, etc. Ces structures de base ont fonctionné aussi en provinces : à Lubumbashi, Bukavu, Goma, Mbujimayi, Matadi...
On doit aux salons littéraires le dynamisme constaté durant les années 70 et 80. Du reste, bon nombre parmi les représentants provinciaux de la Société civile délégués à la Conférence Nationale Souveraine en 1991 étaient des écrivains.
Chaque salon littéraire était dirigé par un Secrétaire permanent et comportait en outre un animateur littéraire (conférences, rencontres) et un chargé de l’édition ; ils encadraient les membres, tout en relisant leurs manuscrits. Ont succédé à Masegabio à la tête de l’UEZa : Me Joseph Mukenge Ndibu (1974-1976), Alexis Mwamb’a Musas Mangol (1980-1982), Matthias Buabua wa Kayembe (1982-1984), Michel Lonoh Malangi Bokelenge (1984-1986), Paul Mushiete Mahamwe (1990-1992)…

4.-AJECO (Avenir Jeunesse Congolaise)

Avenir Jeunesse Congolaise ou Association des jeunes écrivains du Congo, AJECO, fondée depuis 2011 par Ali A Mutu Richard, est une asbl socioculturelle qui se propose d’encadrer les jeunes dans la création littéraire.
C’est à partir d’un cercle littéraire des jeunes étudiants de l’Université Protestante au Congo (UPC) que Richard Ali a eu l’idée d’étendre les activités pour en faire bénéficier toute la génération des jeunes écrivains congolais de divers horizons. L’association compte plus de cent membres, à Kinshasa et dans les provinces. Les jeunes, en effet, sont nombreux à se lancer dans l’écriture.
La création de l’AJECO répondait à un besoin certain : pallier l’énorme difficulté qu’éprouvent les jeunes à faire passer leurs écrits du stade de manuscrit à celui d’oeuvre dûment éditée. A cet effet, l’AJECO, qui à sa naissance fut malencontreusement perçue comme voulant concurrencer les aînés, a pu oeuvrer harmonieusement avec ces derniers pour faire face au manque de structures éditoriales.
A l’occasion de la Fête du Livre, à Kinshasa, l’AJECO a déjà honoré, à deux reprises, l’écrivain congolais Fiston Mwanza Mujila qui vit en Autriche. L’AJECO travaille en collaboration étroite avec Ecrivains du Congo ASBL, depuis la création de cette dernière plate-forme fédérative.

5.-PEN/RDCongo

PEN/RDCongo est une association sans but lucratif, qui regroupe les écrivains (poètes, essayistes, nouvellistes, romanciers, dramaturges…) et se veut un cadre de réflexion, d’échanges et d’action, et réunissant autour du livre et de la culture non seulement des écrivains mais aussi les autres tenants du métier du livre impliqués dans la dynamique de l’écrit (critiques, éditeurs, imprimeurs, traducteurs…).
Eu égard à la vitalité de la création littéraire congolaise qui, paradoxalement, n’a de cesse de croupir dans un enfermement éditorial des plus préjudiciables, les pionniers de cette association affirment, entre autres, les principes reposant respectivement sur l’universalité de la littérature, sur la nécessité de la protection des oeuvres littéraires et sur la liberté d’expression et la liberté de créer des associations. Cet objectif de réhabiliter la littérature congolaise implique, concomitamment, la revalorisation de ceux qui la produisent.
C’est dans cet ordre d’idées que, le 12 mars 2012, les membres fondateurs se sont accordés pour mettre sur pied cette structure. A travers une double mission, celle de promouvoir la littérature et celle d’intensifier les échanges culturels entre gens des lettres (de la RDC, de l’Afrique et du monde), PEN poursuit un triple objectif spécifique, à savoir :
- soutenir et encourager les initiatives de création littéraire en contribuant, à sa manière, à la mise en place d’une véritable chaîne du livre ;
- faire connaître les productions littéraires au travers des cafés littéraires, récitals, salons littéraires et foires du livre ;
- encourager les traductions et promouvoir la création dans les langues nationales congolaises.
Sous la houlette du comité directeur mis en place et comprenant les écrivains Emmanuel Mateso Locha (président), André Yoka Lye Mudaba (vice-président), Gabriel Sumaili Ngaye-Lussa (secrétaire général) et Mme Christine Falangani Mvondo (trésorière), PEN/RDC a pu réaliser, notamment, les activités ci-après:
- la participation au Congrès international des écrivains francophones tenu à Lubumbashi en septembre 2012 ;
- la participation au Festival « Etonnants Voyageurs » tenu à Brazzaville en février 2013;
- la célébration, le 13 août 2013, du centenaire de naissance du pionnier Antoine-Roger Bolamba Lokolé, auteur notamment d’Esanzo, chants pour mon pays (1955), au Centre culturel Le Zoo, en présence du ministre ayant en charge la Culture et les Arts;
- la participation au Colloque organisé en janvier 2014 à l’Université de Lubumbashi en hommage à l’écrivain Mukala Kadima-Nzuji ;
- -la participation à la Journée littéraire du 19 mars 2014 à l’Université Pédagogique National en hommage à l’écrivain Jean-Robert Kasele Laisi Watuta, auteur du roman Au ban et premier Recteur de l’U.P.N. ;
- la mise à l’honneur, le 27 mars 2014, lors du Café littéraire n°2, de Mme Christine Falangani Mvondo, romancière, à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université de Kinshasa ;
- la participation au Jury international du Prix de Poésie Tchikaya U’Tamsi en août 2014 au Maroc ;
- la mise à l’honneur, le 13 mars 2015, lors du Café littéraire n°3, de Mme Bestine Kazadi Ditabala, poétesse et nouvelliste, etc.

6.-Ecrivains du Congo ASBL

Ecrivains du Congo asbl est née de la prise de conscience, par plus d’un acteur du monde culturel de la RDC, des difficultés de tous ordres qui font obstacles à l’émergence d’une littérature congolaise florissante. Cette lacune, il fallait la combler d’une manière idoine. D’où l’idée de créer la grande association réunissant des écrivains du Congo autour de quelques principes forts, notamment :
- une action orientée vers la promotion des membres, la promotion de la littérature congolaise produite par tous les écrivains du Congo ;
- une grande visibilité pour assurer le prestige et la médiatisation de la littérature et des écrivains ;
- la représentation des écrivains face aux pouvoirs publics et autres acteurs de la vie littéraire (défense des intérêts de ses membres), en vue de faire avancer les questions d’intérêt commun ;
- la solidarité entre écrivains, l’accompagnement professionnel des écrivains (ateliers, conseils), etc.
Lancée officiellement le 26 novembre 2020, l’association a son siège sur l’avenue Kimbondo, au numéro 417, dans la commune de Bandalungwa. Elle est dirigée par un staff de 20 administrateurs, dont les 10 chargés d’une fonction : Bia Buetusiwa Hervé Michel (président), Ali A Mutu Richard (secrétaire général), Odia Lukusa Soraye (secrétaire général adjoint), Belau P. Djodji (chargé de projets), Gombo Tomokwabini Christian (chargé des finances), Badianzile Mulamba Julio (chargé des relations publiques), Nkoto Akel’ Avul Onsik’ Bob Christel, (chargé de la logistique), Ngoy Celena wa Ngoie (chargée de la solidarité), N’goma Mvuezolo Hervey Etienne (chargé de l’expansion), et Muintshe Mukore Merdi (chargé des relations internationales).
A cette occasion, Ecrivains du Congo asbl, qui compte plus d’une centaine de membres, a décerné un diplôme d’honneur à ses 10 membres d’honneur : Ndaywel è Nziem Isidore, Mumengi Didier, Lombume Kalimasi Vincent, Yoka Lye Mudaba, Mateso Locha, Ngandu Nkashama Pius, Mweya Tol’Ande Elisabeth, Faignond Emilie-Flore, Ngal Georges et Mulongo Huit.
Qui est Bia Buetusiwa Hervé Michel, qui avait été élu en novembre 2020 à la tête de Ecrivains du Congo asbl ? Tata N’Longi Biatitudes, avocat, est un écrivain très engagé comme acteur culturel ; il est l’auteur de 2 recueils de poèmes : Mes J’aime, Editions du Pangolin, 2017 et Coeur (é)pelé (en français et lingala), Les Editions du Net, 2018. Dramaturge, il a publié Bateki mboka, Editions Nzoi, 2020, 68 pages. Directeur des Editions Miezi, c’est aussi lui l’initiateur des séances de poésie déclamée (slam) dites « Concert des mots ».
Durant son existence, Ecrivains du Congo asbl a pu organiser, entre autres, les actions ci-après :
- la 4ème édition d’échanges littéraires à la Bibliothèque urbaine de Kinshasa, le 31 juillet 2021 ;
- un Concours dénommé “Le Prix J. L. Kadiayi, du 30 avril au 25 juin 2021;
- une journée culturelle axée sur le débat poétique, le 24 août 2021;
- l’organisation bien réussie de la première édition du Grand Prix congolais du Livre.
Sur ces entrefaites, le président Tata N’Longi Biatitudes, appelé à d’autres tâches, a jugé utile, le 20 février 2022, de démissionner de ses fonctions de président pour se consacrer à ses nouvelles charges :
« Un accroissement de mes autres charges professionnelles sont la cause de cette décision prise après mûre réflexion et avec une certaine peine. Cependant, c’est également avec la certitude que l’institution que nous avons contribué à créer a suffisamment mûri et grandi et sortira encore plus forte, qui renforce l’idée qu’elle est plus grande que les hommes qui la portent », a-t-il déclaré.
Le secrétaire général de l’association, Richard Ali A Mutu, a été choisi pour lui succéder. La passation des pouvoirs s’est effectuée au cours d’une cérémonie émouvante et pleine de signification, entre le président sortant et son successeur :
« Je présente mes félicitations aux nouveaux dirigeants de l’association et me tiens à leur disposition en tant que membre et administrateur de l’association pour soutenir leur action. Je remercie les membres de l’association pour la confiance qu’ils m’ont portée pendant l’exercice de mon mandat ainsi que tous les amoureux des lettres congolaises qui nous ont permis d’exister et de croire », a déclaré Tata N’Longi à cette occasion.
Désormais, R. Ali, en tant que président a.i., secondé par Christian Gombo comme secrétaire général a.i., tiennent les rênes de Ecrivains du Congo asbl et assurent l’avenir de cette importante association.
Qui est Richard Ali A Mutu Kahambo, le président a.i. de l’association ? Juriste de formation, R. Ali est le responsable de la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa. Jeune écrivain dynamique, il est le fondateur de l’Association des Jeunes écrivains du Congo (AJECO), et, pour rendre le livre accessible au public consommateur, il a fondé Alibooks, qui est une plate-forme de vente de livres.
R. Ali s’est fait remarquer en remportant, en 2009, le Prix littéraire Mark Twain de l’ambassade des USA à Kinshasa par la nouvelle Le Cauchemardesque de Tabu, qu’il publiera en 2011, aux Editions Mabiki (dans un recueil de 5 nouvelles). Il est aussi l’auteur du recueil de 3 nouvelles en lingala, intitulé Okozonga maboko pamba (2017). Toujours dans le genre narratif, R. Ali a publié le roman en lingala, Ebamba, Kinshasa makambo (2014), déjà traduit en français et en anglais, Son dernier roman a pour titre Et les portes ont des bouches (Editions Mabiki, 2021, 261 p.).

7.-ALEF (Atelier pour le leadership, l’excellence et la formation)

L’Atelier pour le leadership, l’excellence et la formation (ALEF) est un collectif littéraire qui propose des rencontres consacrées à la littérature congolaise, qu’elle soit écrite ou orale.
Le siège principal d’ALEF est situé au n° 221, avenue Kabinda, quartier Bon Vent, dans la Commune de Lingwala, et son siège secondaire sur le Boulevard du 30 Juin, immeuble Sanash, au local 50.
ALEF organise périodiquement ses activités à la médiathèque du Centre culturel français (Halle de de la Gombe). Espace d’échanges autour des textes d’écrivains francophones (congolais, africains et français), ALEF est ouvert aux jeunes écrivains ; ceux-ci prennent part aux divers débats et échanges, notamment aux ateliers en slams.

8.-LAESH (Lire est l’Aliment pour l’Esprit Humain)

L’entreprise Lire est l’Aliment pour l’Esprit Humain (LAESH), dont l’écrivain Christian Gombo est le président du Conseil d’administration, se veut un véritable creuset pour la visibilité des oeuvres des écrivains congolais. Pour réaliser son ambition projet de la promotion de l’écriture, de la vente des oeuvres littéraires et de la lecture, LAESH table sur trois stratégies, à savoir :
- la vente couplée (livre importé et livré édité au Congo),
- la vente par relais (en partenariat avec d’autres entreprises ou produits),
- la vente à crédit (compte tenu des couches sociales à faible pouvoir d’achat).
Christian Gombo, économiste, ancien agent bancaire, tient à impulser le secteur de la production et de la vente des oeuvres de l’esprit, singulièrement les livres ; pour générer des profits au bénéfice des auteurs, il a dynamisé plus d’un mode de vulgarisation des productions littéraires : l’animation des activités en milieu scolaire, l’exposition-vente des ouvrages, etc.
Convaincu du potentiel de lecture de ses compatriotes, pour peu que l’on mette à leur disposition des ouvrages de format modeste, des livres à moindre coût et dont le contenu reflète leurs préoccupations quotidiennes, il soutient que les activités autour de la littérature congolaise méritent que l’on s’y consacre à temps plein, et n’a de cesse de sillonner les coins et recoins de la capitale.
LAESH est donc plus qu’une association, c’est une entreprise. Et son président du conseil d’administration, Christian Gombo, est l’auteur d’un album intitulé Fables, illustré par Crébix Mozalisi et publié en 2017 aux Editions Nzoi. Le livre a été primé deux fois aux Mikanda Awards la même année.

9.-Collectif Envie d’écrire (CEDEC)

Le Collectif Envie d’écrire a, parmi ses objectifs, celui d’assurer la vulgarisation de la littérature congolaise à travers toute la RDCongo. Ceci lui permet d’aider les jeunes qui veulent aborder ce domaine à acquérir les connaissances utiles dans l’exercice de leurs activités.
L’association, présidée par Lyricomane Ngobani, a déjà organisé plusieurs éditions des journées culturelles animées notamment par Christian Gombo, Pat le Gourou, Yokozouna, Landry Musaka, Daniel Mukubi, Jonathan Kapinga, Jephté Mbangala ; leur souci demeure celui de promouvoir la littérature congolaise en rapprochant les auteurs de leurs lecteurs grâce à des activités instructives.
Depuis le déplacement de son fondateur à l’extérieur du pays, le Collectif Envie d’écrire est dirigé par son Vice-président, Glody Bamenga.

10.-Femmes de lettres congolaises (FELCO)

L’association Femmes de lettres congolaises a vu le jour le 23 octobre 2020. Présidée par l’écrivaine Yolande Elebe Ma Ndembo, conseillère en charge de la culture et des arts à l’Hôtel de Ville (Gouvernement provincial) de Kinshasa, FELCO regroupe des membres de toutes générations confondues : écrivaines, poétesses, dramaturges, conteuses, rappeuses, slameuses, etc.
Les objectifs de FELCO se déclinent selon 4 axes :
- promouvoir les oeuvres des femmes de lettres congolaises,
- aider les femmes de lettres à éditer leurs oeuvres,
- intégrer les réseaux des femmes de lettres africains et internationaux,
- militer pour l’introduction des oeuvres littéraires des membres de FELCO dans la programmation scolaire.
Les enjeux de l’heure imposant à la femme congolaise de s’impliquer dans tous les secteurs d’activités, principalement celui de la culture et celui de la pensée, qui constituent le socle de tout développement, l’association lutte pour un engagement efficient de la femme de lettres dans la quête de l’amélioration des conditions sociales de la population. C’est pourquoi FELCO organise, notamment, des spectacles au cours desquels les femmes montent sur scène pour lire ou interpréter leurs propres textes ou musique.
La présidente, Mme Yolande Elebe, fille de l’écrivain Elebe Ma Ekonzo, auteur du roman Un écho dans la nuit (1983) et du recueil de poèmes Les tresses des âges (1983), est très engagée dans la promotion de l’écriture, qu’elle considère comme la pierre de lance de la société. Elle a publié deux recueils de poèmes : Le Bictari (2015) et Divagations (2018).

Conclusion

Les quelques organisations des écrivains congolais que nous venons de passer en revue ne constituent qu’un échantillon. Il existe bien d’autres regroupements, tant à Kinshasa qu’en province, à l’instar de l’Association Coup de pouce, qui oeuvre essentiellement dans l’éducation à travers les bibliothèques ; Mfumu Buku, plate-forme d’animation pour la promotion de la culture et des livres des écrivains congolais ; Plumes conscientes, espace de promotion culturelle, par la télévision et une agence culturelle, une vitrine pour livres des jeunes ; le Tarmac des auteurs, qui fournit un espace de présentation, de découvertes, de discussions et d’échanges.
Pourrions-nous passer sous silence ces trois structures-ci : le célèbre CELTRAM (Centre d’Etudes littéraires et de traitement des manuscrits) créé à Lubumbashi par le Professeur Huit Mulongo Kalonda-ba-Mpeta, la dynamique section de l’UECo/Sud-Kivu animée de main de maître par le Professeur Gervais Chirhalwira Nkunzimwami, Prix de Poésie S. Ngonso en 1967 lors de ses études en Philologie romane à l’Université Lovanium, ainsi que Bolingo ya Buku, un collectif qui évolue comme un salon littéraire dans certains centres au Kongo-central (Mbanza-Ngungu, Kisantu…) pour pouvoir communiquer l’amour de la littérature.
Il sied de mentionner aussi l’apport appréciable des services culturels des pays étrangers installés au Congo, principalement l’Institut français et la Bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles, sans oublier les maisons d’éditions telles que Mabiki, Miezi, Nzoi, Balise… qui, au pays, soutiennent les initiatives des jeunes écrivains pour leur visibilité ; à l’étranger, il s’agit des Editions du Pangolin et de L’Harmattan.
Voilà donc, en peu de mots, le tour d’horizon des structures qui offrent un cadre de rencontres pour la célébration de la littérature, mettant au centre les préoccupations des jeunes écrivains en quête d’une visibilité somme toute légitime.
Car l’écrivain congolais n’est pas seulement celui qui pense et dit ce qu’il pense, il est aussi celui qui fait penser à ce qu’il dit. Et tout comme disait Alioune Diop dans Présence Africaine : « Dans le monde moderne, tout être humain est nié qui ne manifeste pas sa personnalité. Au contraire, exprimer son âme singulière, c’est contribuer à infléchir l’opinion publique et le cadre des institutions dans un sens plus largement humain. »

Notes

1. Les 2 auteurs sont lauréats de :
A. Kama Kamanda Sywor :
- Grand Prix Littéraire d’Afrique noire, pour Contes de griot, en 1991.
- Prix Paul Verlaine de l’Académie française, pour Chant de brumes.
- Prix Louise Labé, pour Somme du néant.
- Prix Théophile Gauthier de l’Académie française
- Prix J. Heredia de l’Académie française.
B. Fiston Mwanza Mujila:
- 2009, Médaillé d’Or au Concours littéraire (Nouvelles) des VIè Jeux de la Francophonie au Liban.
- 2009, Prix de l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie).
- 2009, Prix de la CONFEMEN (Conférence des ministres de l’Education des Etats de la Francophonie.
- 2009, Lauréat aux Journées de Lyon des Auteurs de théâtre.
- 2010, Prix de la meilleure Pièce de théâtre à la Biennale de Mayence.
- 2014, Prix Wepler
- 2014, Grand Prix des Associations littéraires du Cameroun.
- 2016, Prix de la Première OEuvre littéraire francophone
- 2016, Prix Etisalat.
- 15 décembre 2021, Prix littéraire “Les Afriques” de l’Association La Cène littéraire (6è édition) pour son chef-d’oeuvre La danse du vilain.
C. Jean Bofane In Koli :
- 2008, Prix Jean Muno
- 2009, Prix littéraire de la SCAM
- 2009, Grand Prix Littéraire d’Afrique noire, pour la Mathématique congolaise.
- 2014, Grand Prix du Roman Métis de la ville de Saint-Denis.
- 2015, Prix des Cinq Continents de la Francophonie.
2. Une exception à signaler : à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Lubumbashi, fonctionne le Département des Lettres et civilisations congolaises, où le cours de « Littérature congolaise » existe.

Par NLANDU Blaise Hergy, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024