Publications

Article détaillé

Liste des articles.

II. Présentation de la méthodologie

Pour mener à bon port cette étude, nous avons fait recours à la documentation, aux enquêtes par sondage et à l’observation. La documentation nous a permis, à travers la revue de la littérature en notre disposition, de prendre connaissance de quelques personnages qui ont écrit sur les concepts Epargne et Investissement,
En ce qui concerne les enquêtes par sondage dans nos deux sites maraîchers de Mbanza-ngungu, nous avons utilisé les techniques d’entretien et nous avons été amenés à passer dans les sites pour parler avec 30 maraîchers. Le souci était de voir la part de l’épargne affecté à l’investissement. Les réponses ont été dépouillées, traitées et analysées. Sur le terrain, chaque maraîcher répondait aux questions que nous leur posions. Pendant la visite de plates-bandes, les maraîchers étaient bien disposés à nous répondre.
S’agissant du déroulement de l’enquête, se connaissant dans la plupart des cas, chaque maraîcher enquêté nous orientait vers d’autres maraîchers et c’est de cette façon que nous avons pu réunir tous les éléments que nous cherchions. Signalons que certains maraîchers, au départ, avaient de doute voire d’hésitation pour répondre à nos questions. Mais, par après, ils étaient habitués. Les principales questions auxquelles les maraîchers enquêtés ont répondu sont les suivantes : (1), Que cultivez-vous ?, (2) Comment était votre production au premier semestre de l’année en cours en termes des plates-bandes ?, (3) Comment les avez-vous vendus ?, (4), les revenus obtenus, vous les avez affectés à l’épargne et à la consommation ?, (5) Avec de l’argent épargné, combien ont été affectés à l’investissement ? Disons-nous que l’enquête menée dans les deux sites de Loma et de la SCTP, a duré 4 semaines. Chaque semaine, deux jours étaient concentrés pour interroger 7 à 6 personnes.

III. Présentation du cadre de l’étude
3.1. Localisation géographique

Situé sur une montagne, Mbanza-ngungu a un relief accidenté et marqué par de multiples montées et descentes avec une forte prédominance des versants et des collines compte tenu des pressions qui s’exercent sur un relief. La cité est confrontée à de nombreuses érosions. Elle est entourée de larges plateaux propices aux cultures vivrières, maraîchères et à l’élevage.

3.2. Organisation administrative

Sur le plan administratif, Mbanza-ngungu fait partie du territoire de Mbanza- ngungu. Elle est située à environ 150 Km de la ville de Kinshasa par route. C’est une cité de 92 Km2 de superficie, subdivisée en cinq quartiers ci-après : Disengomoka, Ngungu, Noki, Révolution et Loma. Ces entités sont administrées par des fonctionnaires nommés ou élus conformément à l’article 154 de la loi n°006-82 du 25/02/1982. Un Chef de quartier patronne chaque quartier et dépend de l’administrateur du territoire assistant chef de cité. Il est suivi d’un dirigeant et des notables chefs de cellule. La cité de Mbanza-ngungu en compte 30.

3.3. Démographie

La population de la cité de Mbanza-ngungu est autour de 139.541 d’habitants repartie de la manière suivante 31.757 habitants pour le quartier Disengomoka, 36.100 habitants pour le quartier Loma, 12.917 habitants pour le quartier NOKI, 45.879 habitants pour le quartier Révolution et 12.888 pour le quartier Ngungu.

IV. Présentation des données
4.1. Caractéristiques générales de l’exploitation
4.1.2. Situation des sites agricoles

Mbanza-Ngungu comprend plusieurs sites où se pratiquent les activités maraîchères. Mais, notre enquête, n’a retenu que le site de la SCTP et celui de Loma. Ce choix est justifié par le fait que plusieurs maraîchers exercent leurs activités dans les deux sites.

4.1.3. Les techniques culturales des légumes

Selon les maraîchers, un homme qui prend la décision de faire le maraîchage, il est censé avoir certaines connaissances sur les caractéristiques des légumes à cultiver, la durée de la préparation du sol, la durée de légumes dans le sol, les légumes exigeant la pépinière et savoir les légumes qui s’adaptent à toutes les saisons et ceux qui ne s’adaptent pas à l’une ou l’autre saisons.

Tableau n° 1 : Techniques culturales

Il ressort du tableau 1 que pour préparer le sol devant recevoir la transplantation, tout dépend de la force de la personne qui le fait ; ce travail peut être fait en un, deux ou trois jours. Concernant la durée de légumes dans le sol, sur les sept légumes choisis, ce sont bien les ciboules qui prennent beaucoup de jours suivi des épinards, après viennent les autres cultures. Il sied de signaler qu’en dehors de la culture des épinards qui est semi directe, n’acceptant pas la pépinière, pour les autres légumes, il faut partir des étapes suivantes : le germoir, la pépinière et, enfin, la transplantation. Ainsi dit, en termes de nombre de jours, les germoirs des amarantes et de pointe noire prennent chacun d’eux 3 jours et leur pépinière 15 jours, celui des épinards 3 jours sans pépinière, pour l’oseille, 3 jours et sa pépinière 21 jours ; quant à la salade, le céleri et la ciboule, leurs germoirs prennent chacun 7 jours et pour la pépinière, ça prend respectivement 15 jours et 28 à 30 jours pour les deux derniers.

V. Analyse des résultats de l’enquête
5.1. Situation des Recettes d’exploitation liées à la production de légumes pendant l’enquête en milliers de FC

Tableau n°2 : Ventes des produits issus des plates-bandes

La lecture du tableau 3 montre, à titre illustratif, que les ventes ont rapporté au premier maraîcher 7.726.500 FC, au septième maraîcher, 8.131.500 FC et au dernier maraîcher 9.355.500 FC. Les ventes se font le plus souvent par plate-bande. Il y a des clients qui passent la commande avant même que les produits soient matures. D’autres sillonnent le site pour demander s’il y a des produits à vendre. Le tableau donne également le prix moyen de vente dégagé par chaque catégorie de culture par plate-bande. Une plate-bande d’amarantes se négocie à 28.500 FC, la plate-bande d’épinards à 32.000 FC, pour celle de pointe noire à 60.000 FC, l’oseille à 22.000 FC et celle de ciboule à 60.000 FC.

5.2. Situation des charges d’exploitation liées à la production des légumes pendant l’enquête

Aucune plate-bande ne peut être produite sans éventuels coûts et/ou dépenses quelconques. A chaque production d’une plate - bande, il y a des dépenses que le maraîcher est censé supporter. Pour dégager le prix moyen, on procédait par la moyenne arithmétique. Ce qui fait, pour la production des amarantes, on dépensait autour de 8.900 FC, les épinards autour de 14.000 FC, la pointe noire, au tour de 43.600 FC, l’oseille autour de 10.900FC et les ciboules, autour de 41.000 FC.

Tableau n°3 : Relatif aux charges d’exploitation des plates-bandes par individu en milliers de FC

Le tableau ci-dessus donne le niveau des dépenses faites par chaque maraîcher et le total des dépenses réalisées par nature des légumes cultivés. A titre illustratif, le premier maraîcher, pour produire ses produits agricoles a pu dépenser 4.811.500 FC, le septième maraîcher 5.033.700 FC et le dernier 4.864.100 FC. Pour une plate-bande des amarantes, il faut plus au moins 8.900 FC, les épinards 14.000 FC, la pointe noire 43.600 FC, l’oseille 10.900 FC et les ciboules 41.000 FC.

Tableau n°4 : Relatif à l’affectation de revenu selon la consommation et l’épargne ainsi que les fonds affectés à l’investissement en milliers de FC

La lecture de ce tableau nous donne ce qu’a été l’affectation des revenus agricoles gagnés chez chaque maraîcher. A titre illustratif, pour le premier maraîcher, sur un revenu gagné de 2.915.000 FC, il a affecté à la consommation 2.230.416 FC et à l’épargne 867.384 FC ; et de l’épargne, il a engagé des dépenses d’investissement équivalent à 349.800 FC. En prenant le dernier maraîcher par exemple, le tableau révèle que sur un revenu gagné de 2.793.400 FC, il a affecté à la consommation 1.676.040 FC et à l’épargne 1.117.360FC ; et de l’épargne, 335.208 FC ont servi comme dépenses d’investissements.

Tableau n°5 : Part de l’épargne affecté à l’investissement et le résiduel

De ce tableau, nous observons la part de l’épargne que chaque maraîcher affectait à l’investissement. Si l’on prend le premier, par exemple, sur un total de 1.515.800 FC, Il n’a affecté à l’investissement que 349.800 FC. De même, pour le maraîcher n°30 enquêté. Sur les 1.117.360 FC épargnés, il n’avait affecté à l’investissement que 335.208 FC.
Après analyse sur le modèle économétrique : I i = ∝0 +∝1 +𝑒1, nous obtenons les résultats suivants :
Dependent variable: INVESTISSEMENT
Method: Least squares
Date 06/14/22 Time 20: 59
Sample: 1 30
Included observations: 30

Modèle: I i = ∝0 + ∝1 +𝑒1
          ∝0 = -1098358
           R2 = 0,508693
            Les écarts-types de ∝0 et ∝1 = 2.3651180

𝜎∝ = 5,82 𝜎∝1= 2,3651180
Test de la significative des paramètres au seuil de 5%
H0 : ∝ = 0 et H1 ∝ ≠ 0
Nous faisons notre test de la significativité des paramètres à l’aide de la statistique
du t-student.                                                                                            

      t calc  ∝  1   =5,82 / 997748,5 =  0,00000058331      t calc ∝1=   12,73487 / 2,3651180 =  5,384

      t-tabl (∝ /2 , T – K) = 2,048

Le t-calculé de ∝ 0 est inférieur au t de la table (t de la table. t –calculé ∝ 0 < t-tab. AH0 tandis que le t-calculé du coefficient ∝1 est significatif puisqu’il est supérieur au t de la table (t-calc ∝1 >t-tab, RH0). Donc le coefficient ∝ 0 n’est pas significatif au seuil de 5% contrairement à ∝ 1 qui est statistiquement significatif au seuil de 5%.
Autrement dit,
La régression faite sur Eviews donne les résultats suivants :
I = - 1098358 + 12.73487 Epargne             t = - 1.100836 (5.384315)
R2 = 0,508693                   F = 28.99085    SCR = 5,82
Pour le test de la significativité des paramètres au seuil de 5%, nous pouvons dire qu’à partir de test de t-student, le modèle est bon car le coefficient ∝1 estimé est significativement différent de zéro. Le R2 est acceptable.
Or avec l’hypothèse de notre étude qui est : « L’épargne des maraîchers égaliserait l’investissement, » ; nous rejetons cette hypothèse du fait que les maraîchers préfèrent plus garder leur argent en lieu et place de le placer dans les activités alors que ça pourra augmenter davantage la production en achetant par exemple les matériels agricoles et même renforcer en termes des intrants agricoles.

VI. Discussion

Si la théorie keynésienne soutient qu’il y a l’égalité entre l’épargne et l’investissement, il s’observe que les maraîchers de la contrée de Mbanza-ngungu ne perçoivent pas cette théorie de la même façon, car ils sont plus dans l’épargne que dans l’investissement. Cette situation traduit le paradoxe de l’épargne que d’autres auteurs évoquent. Selon ces auteurs, lorsque l’épargne excède, cela diminue le niveau de production globale.
En d’autres termes, nous pouvons dire que l’épargne n’a pas financé totalement l’investissement. Sur le total des fonds épargnés c’est seulement 18,641% ont été affectées à l’investissement. Les autres fonds épargnés (soit 81, 359%) rentrent dans la consommation.
L’enquête menée dans cette contrée de Mbanza-ngungu, après analyse de la théorie soutenue par Keynes, rejette l’hypothèse selon la laquelle les fonds épargnés égalisent l’investissement.

Conclusion

Les activités maraîchères restent très développées en milieu urbano-rural de Mbanza-ngungu. Voulant savoir si l’épargne était égal à l’investissement au regard des revenus générés de ces activités, les résultats ont montré que les fonds épargnés n’étaient pas destinés à mettre tout dans l’investissement. L’enquête a révélé que c’est seulement une partie de fonds servaient à l’investissement. Au regard de résultats trouvés, nous pouvons dire que la notion de l’épargne n’est pas bien connue chez la population. Donc l’encadrement mérite d’être pris en compte pour accompagner les maraîchers qui dépendent totalement des activités maraîchères. Aussi remarquons-vous que les fonds épargnés qui ne sont pas affectés à l’investissement satisfont les maraîchers à d’autres besoins, ce qui justifierait leur envie à aller toujours dans les grandes agglomérations comme les villes.

Par Adolphe VUMA VUMA, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024