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EDITORIAL

Le numéro de juin de la Revue Interdisciplinaire Francophone de cette année 2024, l’an VI depuis son lancement hardi en 2019, est là !
RIFRA de l’an VI est bel et bien là. Et que dire, dès l’entame de cet Editorial, pour présenter aux lecteurs ce numéro particulièrement riche, qui vient, une fois de plus, confirmer sa vocation d’ouverture ?
Cette Revue pensée et initiée par le Département des Lettres et Civilisation françaises ne cesse d’offrir un cadre de qualité aux résultats de recherches menées par des auteurs, parfois avec un financement, mais souvent sans aucun financement ni encouragement.
C’est l’occasion, pour le jeune organe, de diffuser les résultats de recherche en provenance de dix filières d’études représentant quatre Facultés parmi celles que compte l’Université de Kinshasa, un éventail de plus en plus ouvert à l’interdisciplinarité. Evolution somme toute encourageante ! Et par-là, RIFRA retrouve, une fois de plus, sa véritable vocation pluridisciplinaire dans l’unité, trop souvent inaperçue, du savoir humain.
Nous l’avons déjà dit et écrit : cette publication a, depuis sa naissance, évolué dans l’étroite ligne de l’excellence et respecté la régularité de son rythme de parution, en raison de deux numéros l’an.

Voici donc cet éventail ouvert, résultat d’un labeur tant des membres du comité scientifique en raison de la rigueur de sélection, que des membres du comité de rédaction à travers leur dévouement qui n’est plus à démontrer, exprimant leur ferme volonté consensuelle de matérialiser et conserver, par l’écriture et grâce aux performances de la toile, une moisson non seulement abondante mais aussi en provenance de plusieurs horizons.
Dans le domaine des sciences économiques, Yvon Ulama Ngombo démontre, après une analyse minutieuse du surplus de la productivité globale de la Régideso en 2020-2021, que l’Etat et l’entreprise en ont été les bénéficiaires, tandis que le personnel a accepté la baisse des salaires et que les clients (au bénéfice de qui l’entreprise a été créée) n’en ont pas bénéficié.

Alphonse Kasongo Djunga se penche sur les implications sociales de l’action du pardon et livre sa réflexion très pertinente sur la finalité et l’efficacité du pardon dans une construction sociale, tout en examinant aussi la perception que l’action du pardon a sur la victime et sur l’agresseur.
En Traduction et interprétariat, Macaire Eyupar Epietung, par une approche poétologique, donne une version française des passages en ciluba de l’oraison funèbre prononcée par le délégué des Professeurs émérites aux obsèques de l’un des leurs, le Professeur émérite André Nyembwe Ntita, le 28 juin 2023.
Au Nord-Ubangi, c’est depuis les XVIIIè et XIXè siècles que les artisans du peuple Ngbandi fabriquaient, à Yakoma, divers outils en fer (répondant aux besoins de chasse, pêche, agriculture, musique, monnaie…). Salomon Koyambutu Tholase montre à la suite de quels facteurs ces forgerons ont su évoluer et maîtriser la production des armes à feu (fusil de chasse calibre 12 et autres types de revolver).
Antoine Musuasua Musuasua se penche sur la signification des salutations dans l’espace lubaphone au Kasai, manifestations les plus visibles des rites sociaux et interpersonnels ; il en analyse les différentes expressions et indique la valeur éthique qu’elles contiennent.
Explorant le parler des jeunes Kinois et exploitant un corpus constitué à cet effet, Alain Ishamalangenge Nyimilongo, en Sciences du langage, esquisse un classement des particularités lexicales prisées par ces jeunes locuteurs, singulièrement dans le domaine du sexe.
Emmanuel Mbunda-i-Teka constate que la situation interculturelle exocommunicative africaine impose, en Didactique du FLES, des stratégies requérant la prise en compte des éléments relatifs à l’identité culturelle, spécificités qui exigent que la Méthode SESAM, en dépit de ses avancées, soit reconfigurée.

Toujours en Didactique, Claude Mafuta Mungombo présente les résultats obtenus après avoir mené une investigation sur l’emploi de l’approche multimodale dans l’apprentissage et l’enseignement de la langue anglaise ; l’étude détermine les différents modes à utiliser ainsi que leurs effets pour booster les attitudes et perceptions des étudiants.
Suzanne Katajunga Nsimire et Christian Kalala Mbuyi ont choisi le domaine de la grammaire anglaise. Ayant mené une enquête en soumettant 34 étudiants à un test pour découvrir comment ils utilisent le discours direct et le discours indirect, les deux auteurs en présentent les résultats.
En littérature congolaise, Jean Nsonsa Vinda revisite la place de Zamenga Batukezanga, écrivain prolifique mais boudé au début par la critique littéraire universitaire et montre clairement comment est intervenue l’inversion de la vision de son oeuvre, faisant de Zamenga une référence obligée pour la définition différentielle de la littérature congolaise de langue française.
Célestin Ngabala Bubengo examine, à travers trois romans de Kama Sywor Kamanda, les espaces de création romanesques, afin de vérifier si ceux-ci relèvent de l'imagination (en camouflant le pays cadre de l'action du roman, comme bon nombre d'écrivains), ou si l'auteur a choisi de caser leurs intrigues dans un univers concret, réel.
La littérature belge est au rendez-vous, avec l’étude des thèmes qu’effectue Julien Niati Matuba di Lelo dans la pièce de théâtre de Claire Lejeune qui met en scène les personnages d’Ariane et Don Juan, d’où se dégagent, à travers cet opéra de la séduction et de la mort, des problèmes existentiels qui préoccupent et intéressent l’homme universel.
La filière des Sciences et Techniques Documentaires est la plus fournie ; elle comporte, à elle seule, quatre articles.
Louise Pala Kamango apporte un éclairage sur les archivistes. En effet, depuis l’année 1968-1969 que l’enseignement de l’Archivistique a été introduit au Congo à l’Université Lovanium, de nombreux archivistes déplorent, dans l’exercice de cette profession, le fait que plusieurs institutions n’ont pas encore compris l’importance du rôle et de la place de ces gestionnaires de la documentation.
Pour sa part, John Ekolo Adiaka se livre à la tâche de comparer entre eux les trois programmes d’études mis en oeuvre depuis la création du Département des Sciences et Technique Documentaires et décèle une inquiétude quant à la qualité des formateurs et à la disponibilité des matériels à utiliser.
Louise Pala Kamango revient pour explorer la mémoire documentaire riche, diversifiée et durable que constituent les documents conservés à l’Institut des Musées Nationaux. Ce patrimoine culturel documentaire est à exploiter et à rentabiliser au profit du pays, à l’image des autres patrimoines culturels (artistique, musical…).

Elysée Musubao Mumbere aborde la problématique de l’apport des Musées, en tant qu’institutions culturelles, au développement durable ; passant en revue les innombrables apports possibles (qualité environnementale, équité sociale, efficacité économique), il constate les multiples écueils et formule des actions à mener qui peuvent concourir au développement.
La Chronique insérée dans RIFRA est consacrée à la Fête du Livre, organisée périodiquement à Ngandajika ; à cette quatrième édition de 2014, dont le thème fut « Zamenga Batukezanga : entre l’écriture et le développement du Congo », Marie-Philomène Babongisila Kuzingana a été invitée.
Trois Comptes rendus, élaborés par Gabriel Sumaili Ngaye-Lussa, sont insérés dans ce numéro ; ils se rapportent successivement aux ouvrages de :
- Pierre Halen et Sylvère Mondobari (dirs),
- Ngoma-Binda P.,
- Joseph-Roger Manzanza Kindulu et Jean-Cornélis Nlandu-Tsasa.

La Revue Interdisciplinaire Francophone demeure et demeurera à la disposition des chercheurs, pour leur apporter un plus à la visibilité des résultats de leurs recherches.

Kinshasa, le 17 juin 2024

Gabriel SUMAILI NGAYE-LUSSA
Directeur de la publication
Professeur Ordinaire à l’Université de Kinshasa

Par Sumaili Ngaye-Lussa Gabriel , dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024