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LE SYNCRÉTISME DANS Testament ya Bowulé DE
LUTUMBA NDOMANUENO Simon
SYNCRETISM IN Testament ya Bowulé by LUTUMBA NDO-MANUENO Simon

Joseph MUSIKI KUPENZA1
Tél. (+243) 811042545
musikikupenza@gmail.com

Résumé

Dans la culture bantu, après la mort, l’homme va dans le village des an-cêtres sous le sol, où il peut continuer sa vie semblable à celle du monde terrestre. Avec le christianisme, désormais, ce n’est pas dans le sous-sol au village des ancêtres que les hommes qui ont fait le bien sur la terre iront, mais c’est au paradis. Mais dans la chanson Testament de Bowulé, Lutumba Ndomamueno Simon croit en l’existence de ces deux mondes après la vie sur la terre (le paradis et l’au-delà). C’est cela qui crée le syncrétisme qui n’est rien d’autre que cette combinaison plus ou moins harmonieuse d’éléments hétérogènes issus de différentes visions du monde.

Mots clés : syncrétisme, Testament de Bowulé
Reçu le : 9 juillet 2024
Accepté le : 5 décembre 2024

Abstrat

In bantu culture, after death, the man goes in the village of ancestors un-der thz ground, where he can continue his life similar to that of the earthly word. With christianity, now, it is not the subsd in the village of ancestors that men who have done goad on earth wil go, but in paradise. But in the Bowulé testament song, Lutumba Ndolumueno Simon believes in the exist-ence of thsese two worlds after life on earth (paradise and beyond). This is wath is nothing but this more or less harmonious combination of heteroge-neous elements from different visions of the world.

Keywords : syncretism, Bowulé testament
Received : 9 juillet 2024
Accepted : 5 décembre 2024

Introduction

Sous forme de recommandation que nous avons mise à profit, Mu-kala Kadima Nzuji dit : « Compte tenu de la qualité de plus en plus affirmée des chansons et de leur charge poétique attestée, l’idéal en définitive serait de leur appliquer en tant que textes, sans discrimina-tion aucune, les diverses approches littéraires et de chercher comme pour tout autre texte à en saisir et relever la substance. Cela permet-trait de redéfinir les corps littéraires nationaux en prenant en considé-ration, par-delà les barrières linguistiques et génériques, l’essentiel des textes qui concourent, à des degrés divers, à affirmer l’identité cultu-relle africaine en sa cohérence et en sa diversité (Mukala Kadima Nzuji, 2004 : 355).

La littérature orale dont émanent les chansons sous étude n’est pas une tradition morte ou figée dont hérite seulement l’écrit comme cer-taines personnes pensent, mais bien une pratique vivante qui évolue parallèlement et en interaction avec l’écrit qui s’adresse aussi à un public moderne.
Comme le notent Christiane Ndiaye et Josias Semujanga, l’Occident avait conclu a priori que l’Afrique était un continent sans tradition littéraire et que les productions orales remplissaient un rôle strictement littéraire, si bien que les premiers chercheurs, mission-naires et anthropologues surtout, s’accommodaient très bien de traduc-tion de grammaires qui évacuaient l’essentiel des éléments esthétiques des textes de l’oralité. Cette tendance à minimiser la dimension esthé-tique des littératures africaines a d’ailleurs marqué non seulement la pratique des traducteurs, mais l’ensemble des études littéraires, même après les indépendances (C., NDIAYE et J., SEMUJANGA, 1996 :17).

Pour à nous, le texte de la chanson de Lutumba Ndolumueno Tes-tament ya Bowulé , devient ici une source où nous puisons des élé-ments idéologiques, qui font l’objet de notre réflexion. Cette chanson étant centrée autour de la vie de l’homme après sa mort.
Ainsi, notre réflexion a deux point, notamment la conception de la mort dans les cultures africaine et judéo-chrétienne et l’analyse théma-tique du texte de Lutumba Ndolumueno Simon, Testament ya Bowulé.

1. La conception de la mort dans les cultures bantu et judéo chrétienne.
1.1. La conception de la mort dans la culture judéo-chrétienne

D’après Tempels, les Bantu définissent la mort comme étant la sé-paration du corps et de l’âme. Pour eux, l’homme est composé de deux principes : l’âme qui est un principe immatériel et non péris-sable et le corps qui est matériel est périssable. Mais la conception sémite de l’homme, d’où est née la religion judéo-chrétienne, contrai-rement à celle des Grecs, ne conçoit pas l’homme comme distincte-ment composé d’un corps et d’une âme. Sont impensables une quel-conque préexistence de l’âme au corps et une dualité substantielle entre les deux ; car, selon le philosophe helléniste et hébraïsant, l’exégète français Claude Tresmontant, « l’homme est une âme vi-vante » (Rencontrant, 1971, en ligne).

Ainsi, pour les Hébreux, il est un non-sens de concevoir un corps sans âme au sens grec du terme. D’ailleurs, ce fut une grave erreur des Grecs d’avoir traduit par « Ψυχ´n » (psychè) le concept hébraïque appelé « nephesh », ou principe vital, malheureusement rendu par « anima » en latin et par « âme » en français. Or, selon la tradition sémite, l’homme intégral est désigné par « basar ». C’est le biologique et le physiologique à la fois. L’hébreu basar ne correspond donc nullement à ce que nous appelons le « corps », ni « la chair » distincte de l’âme, mais à ce que nous appelons l’homme vi-vant » (TRESMONTANT, 1971 en ligne).

Quant au paradis, d’après (www.larousse.fr.), il vient du latin ec-clésiastique : paradisos, du grec paradeisos, jardin. Dans la théologie ancienne, séjour des justes après la mort ; dans la théologie moderne, état de bonheur dont jouissent auprès de Dieu les âmes des justes après la mort. Il est le lieu de séjour où, dans les différentes traditions, les âmes se retrouvent après la mort. Dans son acception large, le concept paradis est présent dans presque toutes les religions.

1.2. La conception de la mort chez les Bantu

« Il est clairement établi que la mort, dans la cosmogonie négro-africaine, n’est qu’une transition, un passage pour rejoindre l’autre phase de la vie qu’on appelle Au-delà. En Afrique, comme disait le poète Birago Diop, « les morts ne sont pas morts ». Cette vision est en porte-à-faux avec celle de la plupart des Occidentaux qui considèrent la mort comme la fin de la vie » (Lamine Ndiaye, (en ligne, 2018).

Aux yeux des Bantu, la vie ne devrait s’éteindre que suite à une ex-trême vieillesse. Si l’homme meurt avant, c’est que cette mort a été causée par un être malin, le sorcier (Jules Dubois 1972 :46); le plus souvent par les personnes jalouses. Selon Kouassi Kouaku (2005 : 128), dans la tradition authentique des Akan-Ashaiti, le vieillard comblé d’annés, qui a réussi sa vie et bien rempli son contrat sera l’occasion de festivités puisqu’il retourne au pays des ancêtres appélé Bloôlo. Toutefois, dans la conception bantu de la vie et de la mort dont les traces sont visibles dans le judaïsme et le christianisme, l’idéologie de la vie prime sur celle de la mort, car la vie ne finit pas avec la mort. Au contraire, elle la dépasse, la transcende et continue dans l’Au-delà. Ainsi, la mort n’est pas le dernier mot de la vie pour l’Africain. Celle-ci est, reste et demeurera une phrase en pointillés qui s’achèvera au village des ancêtres lors du retour final.

Dans La philosophie bantu, (Jules Dubois op.cit In Tempels 1945) ; écrit : « La mort ne signifie nulle part dans le monde des Bantous la fin de l’homme, l’anéantissement de son existence. Elle est partout considérée comme étant le changement de cette dernière : « mourir c’est avant tout partir, c’est quitter ce monde pour un autre ». Telle est l’idée dominante qu’on trouve à maintes reprises aussi bien dans les chants funèbres que dans les proverbes concernant la mort. Les bantu disent ; « il est parti, il est rentré, il nous a précédé, il est parti se reposer » (Jules Dubois, Idem). Se reposer, car, on peut re-tourner encore sur la terre des vivants, soit avec sa figure ou sous une autre forme. C’est ce que nous lisons dans Testament ya Bowulé, quand Lutumba dit : « Or tu savais que tu partiras, tu m’as trompé » ; en lieu et place de tu mourras.

D’après Lamine (2004, en ligne), au Sénégal, les Wolof, groupe ethnique majoritaire mettent en branle tout un arsenal de pratiques, de croyances et de modèles pour envisager la mort comme une continui-té. Le cimetière, espace symbolique, devient dans l’univers wolof le lieu par excellence de la cristallisation de la parenté renaissante. L’auteur ne s’est pas contenté dans son analyse de nous apprendre des choses sur la société wolof. Il a tenté, autant que faire se peut, de comparer les deux cosmogonies africaines et occidentales. Sous ce rapport, il nous apprend que l’Occidental observe une attitude de dis-tanciation et de mise en silence de la mort et du discours sur la mort, à la place, il oppose une culture africaine qui tente de vaincre l’acte iné-luctable par le truchement d’un ensemble de croyances, d’imaginaires et de pratiques quotidiennes. La société wolof, pour paraphraser l’auteur, a servi de modèle pour montrer comment la mort, souvent associée à la fin éternelle dans les sociétés occidentales dites mo-dernes, peut être perçue comme une phase transitoire vers un monde infini et bien défini : le village sous terre. En ce qui concerne l’au-delà, il est perçu par le bantu comme le lieu de refuge après la mort sur la terre. Il est comparable à un grand village sous la terre où les hommes continuent à vaquer à leurs occu-pations quotidiennes comme ils les effectuaient sur la terre.

2. Le syncrétisme dans Testament de Bowulé

Corpus

Testament

Oh Nzambe osala bomoyi bua moto, Moto aya ko kufa na maladi Mondele mpe asali kisi, mpo moto abika Vraiment soki ezalaki mpo na mbon-go Mbele Bowulé akufi te Mpo famille ba sali nionso. Nzambe mpo na nini liwa ? Ah somo Na ndimaki te Testament, bandeko na kotanga nakozongela Maloba ya Bowulé baninga na ko-tanga na kolela Na zangi na mokili ba familles basali nga mabe Masiya na sala fiele wapi Mokili esilisi nga lolendo na ndimi Testament bandeko na kotanga na kozongela Maloba ya Bowulé baninga na ko-tanga na kolela Na zangi na mokili binemi ba lesi nga poison Lwambo na sala fiele wapi, Mokili esilisi nga fiele na ndimi Liwa ya Bowulé sango lokola kake na matoyi Epesi nga liboma na zangi likambo na kosala Mbongo eloko mpamba ekoki ko-somba liwa te Ya Bowulé é é lobi na mpongi otali nga oseki Opesi nga kolela kasi olakaki nga okobika Nzoka oyebi ozali kokende Okosi nga nde kokosa Na keyi kolala yo okati motema Ata liloba ya suka José yo méchante mama. Ya Bowulé eh lobi na mpasi otali nga oleli Obombeli nga sekele kasi oyebaki okokufa Olobi na nga na kende kolala. Okosi nga nde kokasi, sima na nga okati motema. Olingaki na zala te , José yo mé-chante. Ya José e Bowulé osali nga mabe Ngayi masiya na somba ndeko na mboka nini ? Baninga nionso moto na moto na ndeko na ye José osilisi nga lolendo na lala wapi eh mama. Nzela ya Bruxelles, Paris na Londres bakotuna Nga na kozanga eyano, liloba nini otiki Na yebisa bango, nga ,a mayi ,na miso e,e,e josé, e,e. Ya Bowulé butu ya lelo na moni yo na ndoto Olati kitoko mpe osalisi fete monene Sima ya mua ngonga obengi nga pembeni olakisi ngannde bana Oboyi kotala nga na miso, Bowule na nga osiliki Nzoka ezalaki ndoto ya mokuya. Ya Bowulé lelo na butu oyambi nga ozo kolela Nzoka ozalaki na psi ya liwa, olinga-ki na yeba te Oyebisi nga ozo yoka nzala, na lam-bela yo pepesupu Nakeyi kolamba na sima na nga okati motema Olingingaki na zala te Liwa oyoki nga soni mama. Bowulé na nga butu wana kutu na lalaki te
Na bandi kolela suki ebandi kotele-ma Na mwa ngonga ba beti ndaku nake mbangu kofongola Na moni famille mobimba bazolela Bowule na nga okufi Bowulé okosi ngaye mama. Testament, bandeko na kotanga na kozongela Maloba ya bowule bandeko na ko-tanga na kolela Nazangi na mokili binemi bo lesi ng poison Sonery na sala fiele wapi binemi basali fete na sutuki. Liwa ya bowule sango lokola kake na matoyi Epesi nga liboma na zangi likambo nga na sala Mbongo eloko pamba ekoki kosomba liwa te. Ya Bowule e nzela oke toyebi te ma-ma Liwa na yo e nzela oke toyebi te Lelo na ndimi mbongo eloko pamba ekoki kosomba liwa te Famille mpe to lembaki yo te, doko-toko nini tokutanaki na ye te. Ya José Bowulé osali nga mabe Nga Masiya na defa ndeko na famille nini Baninga nionso moto na ndeko na ye José osilisi nga ba fiele na lala wapi eh mama ah. Sisi na Midi, Alice na Francine ba-kotuna nga Liloba nini olobi na yebisa bana oh nga misère. Bowule na nga butu wana na lalaki te Bandoto mabe na sutuki na mpongi Na komi koganga, na yoki babeti ndaku Na keyi mbangu na kende kofongola na kuti famille bazo lela Bowule na nga okufi Bowule okosi nga. Ya Bowulé lobi na midi oyambi nga na koseka Yo na mpasi ya liwa kasi olingaki na yeba te Oyebisi nga ozo yoka nzala na salela yo pepesupu Nakeyi kolamba na sima na nga okati motema Olingaki na zala te José oyokisi nga soni mama. Malou, ya Lubake, botiki Souza na kolela Nazangi ba camarades Ba mama moziki cent kilos balati nde mokuya Liwa ezali mpo na moto nionso, Bino boweli kokende, mboka bozo kende to yebi te Bobombela biso esika mokolo to koya Malou na Bowule. Ba mama ya FECOZA likambo liyeli nga lileki mbeka Ba mama ya Matonge likambo liyeli nga eleki epesi nga liboma Ba mama cente kilos likambo lizui nga lileki nga nzoto (…) Na komi komituna soki na se ya mabele Tokutanaka est-ce que na ko mona Bowule lisusu ? Oh Yahé ndenge osala biso otinda biso awa. Na mokili moto na moto azali na lingomba na ye asambelaka. Ba mosusu basambelaka na catho-lique Ba mosusu na mission protestante Ba mosusu na Armée du Salut Ba mosusu na ba Musulman Ba moususu na Mpeve Longo Ba mosusu na Mahikari . Nzambe ndenge toyokaka, mangom-ba wana nionso Bayebi ke soki moto akufi bayebi te esika akendeke. Nzambe okoki koyebisa bango te mokolo mosusu bipayi to kokendeke? Mpo to yebi te bipayi towutaka te
Tokoki koyeba te bisika tokondeke? Okomona mwasi na mobali bafandi Moko akufi, oyo akotikala nzoto kokonda kokonda Mokolo ekoleka te alandi moninga. Mawa toyebi epayi tokokende te ? Bowulé pesele nga mbote na baye oyebi bakenda Bino ba anzelu bato bozali penepene ya Nzambe Boyebisila ye biso te Bonzelu kuna na paladisu epa ya nzambe Bino bato bozali pembeni ya Nzambe Bo yamba bowule muana nsomi lelo akeyi Akangi miso aboyi biso Mokili elingi bato ya malamu te Ata liloba te témoin se dokotolo, José wa basantu. Bino basantu kuna na paladiso epa ya Yawhé Boyamba Bowule kikelemu ya Nzambe Muana nsomi ; lelo akangi miso aboyi biso Libulu monene na famille Mokili elingi bato malamu te, ata liloba te Témoin se dokotolo José wa basantu. Bowulé peselanga mbote na tata na mama Bowulé peselanga mbote na Tsika muana ngobila Bowulé peselanga mbote na Patsos munana Yolo Bowulé peselanga mbote na papa Belabi Bowulé yambela nga Moleka muana ya nsomi Bowulé peselanga mbote na papa na Genetrude Bowulé peselanga mbote na Piaza ndeko ya Makandele Bowulé peselanga mbote na Za mua-na Mobakidi Bowulé peselanga mbote na Ngam-bani papa ya Philo Bowulé peselanga mbote na Anièce ndeko ya Kasongo Bowulé peselanga mbote na Grand Kalé.

(Simba Ndaye https://www.mbokamosika.com. Consulté le 04 septembre 2024).

Testament

Oh Dieu tu as créé l’homme
L’homme finira à mourir à cause de la maladie
Le Blanc aussi a fabriqué le médica-ment pour que l’homme guérisse
Si vraiment c’était à cause de l’argent, Bowule n’allait pas mourir.
Du fait que la famille a tout fait.
Dieu
Pourquoi la mort ?
Ah c’est épouvantable
Je n’ai pas cru
Testament, mes frères je lis et je relis
Les paroles de Bowule je lis et je pleure
Je n’ai plus rien au monde, les fa-milles m’ont causé du tort.
Le monde m’a ôté la fierté j’y crois.
Testament je lis et je relis
Les paroles de Bowule mes frères je lis et je pleure
J’abandonne le monde, les ennemis m’ont donné du poison
Lwambo je ne ferai plus la fierté, le monde me l’a ôté aujourd’hui j’y crois.
La mort de Bowule, c’est comme un coup de foudre dans les oreilles
Ça m’a rendu fou et je manque quelque chose à faire.
L’argent n’est rien car il ne peut pas acheter la mort.
Grand Bowule hier tu étais souffrant mais tu m’as regardé en riant
Tu m’avais donné l’envie de pleurer, mais tu m’avais rassuré que tu seras guéri
Or tu savais que tu partiras, tu m’as trompé
Je suis allé dormir, toi tu es resté rendre l’âme
Pas même une dernière parole, José tu es méchante.
Grand Bowule hier tu étais souffrant, tu m’as regardé en pleurant
Tu m’as gardé le secret, mais tu sa-vais que tu dois mourir
Tu m’avais dis que tu partais dormir.
Tu m’as trompé, après tu as rendu l’âme.
Tu n’as pas voulu que je sois là, José toi méchante.
Grand José, Bowule tu as mal fait
Moi Masiya, où je dois acheter un frère ?
Tout le monde à son frère
José, tu m’as ôté la fierté, où dois- je aller dormir ?
Dans la route vers Paris, Bruxelles et Londres, on doit demander
Moi je n’aurai pas de réponse du fait que tu n’as laissé aucun mot à leur dire
Moi, avec les larmes aux yeux, José.
Grand Bowule cette nuit je t’ai vu dans un rêve
Tu t’es bien habillé et tu as organisé une grande fête.
Après un moment tu m’as appelé et tu m’as montré les enfants.
Mais tu n’as pas voulu me regarder
Or c’était un faux songe.
Grand Bowule aujourd’hui pendant la nuit tu m’as embrassé en riant
Or tu étais agonissant, mais tu n’as pas voulu que je le sache.
Tu m’avais dit que tu avais faim et que je te prépare de la soupe
Je suis allé préparer, après moi tu es resté rendre l’âme.
La mort, tu as eu honte de moi.
Mon Bowule, cette nuit- là je n’avais pas dormi
J’ai commencé à pleurer et les che-veux ont commencé à trembler
Un moment donné, on frappe à la porte, je sors en courant pour ouvrir la porte
Je vois toute la famille entrain de pleurer
Mon Bowule est mort
Bowule tu m’as trompé.
Testament, mes frères je lis et je relis
Les paroles de Bowule, je lis et je pleure
Je manque le monde les ennemis m’ont donné du poison
Sonery où je ferai la fierté, les en-nemis sont entrain de fêter, je suis surpris.
La mort de Bowule est comme un coup de foudre dans les oreilles
Ça m’a donné la folie et je manque à faire
L’argent n’est rien, il ne peut pas acheter la mort.
Grand Bowule la route que tu as prise, nous on ne la connait pas
Ta mort, la route que tu as prise on ne sait pas
Aujourd’hui je crois que l’argent ne peut pas acheter la mort.
La famille ne s’est pas fatiguée (pour te faire soigner)
Quel docteur n’a-t-on pas vu ?
Grand José, Bowule tu m’as mal fait
Moi Masiya, où dois-je aller emprun-ter un frère
Tout le monde à son propre frère, où dois-je aller dormir ?
Sisi avec Midi, Alice et Francine me demandent
Quelle est la parole que tu as laissé aux enfants,
Oh moi misère !
Mon Bowule, cette nuit-là je n’avais pas dormi
J’ai vu des mauvais songes, j’ai crié et j’ai entendu qu’on frappe à la porte
Je suis allé rapidement ouvrir la porte, j’ai trouvé toute la famille entrain de pleurer.
Bowule tu es mort
Bowule tu m’as trompé.
Grand Bowule hier à midi tu m’as embrassé en riant
Toi tu étais mourant, mais tu n’as pas voulu que je le sache
Tu m’avais demandé que je te pré-pare une soupe
Après moi, tu es resté rendre l’âme
Tu n’avais pas voulu que j’y sois ;
José tu as eu honte de moi.
Malou, Grand Lubake, vous avez laissé Souza entrain de pleurer
Je manque de camarades
Les maman Moziki cent kilos sont en deuil
La mort est pour tout le monde
Vous vous précipiter d’aller dans un village inconnu
Gardez –nous des places quand nous viendrons Malou et Bowule.
Les mamans de FECOZA ce qui m’est arrivé est horrible
Les mamans de Matonge ce qui m’est arrivé est horrible et ça m’a rendu fou
Les mamans cents kilos ce qui m’est arrivé dépasse mon entendement(…).
Je commence à me demander si sous la terre on se rencontre
Est-ce que je me rencontrerai avec Bowule ?
Oh Yahé comme tu nous a créés, tu nous a envoyé ici sur la terre
Chacun de nous à son église
Il y a de ceux qui prient chez les Catholiques
Les uns chez les protestants,
Les autres prient dans l’Armée du Salut
Il y en a d’autres qui prient chez les Musulmans
Chez les Kimbanguistes ;
A l’église du Saint Esprit
Et on trouve aussi de ceux qui prient chez les Mahikari.
Dieu, comme nous entendons
De toutes ces églises, aucune ne sait où nous allons quand nous mourrons
Dieu tu ne pourrais pas leur dire un jour où nous allons (après la mort) ?
Du fait qu’on ne connait pas d’où nous venons ?
Est-ce qu’on ne peut pas savoir où nous allons ?
Tu verras que l’homme et sa femme restent ensemble
L’un mourra et l’autre qui restera verra sa santé s’évaporer.
Après un laps de temps, celui qui est resté mourra
C’est pitoyable, nous ne savons pas où allons –nous ?
Bowule salue-moi tous ceux qui sont déjà partis
Vous les anges vous qui êtes près de Dieu
Ne pourriez-vous pas nous le trans-mettre (notre message à Dieu)
Les anges au paradis chez Dieu
Vous qui êtes prêts de Dieu
Recevez Bowule le fils aîné
Qui aujourd’hui vient de fermer les yeux et ne veut plus de nous
Le monde n’aime pas les bonnes personnes
Pas un seul mot, le docteur est le seul témoin, José le Saint.
Vous les Saints au paradis chez Dieu
Recevez Bowule la créature de Dieu
Le fils aîné qui vient de nous aban-donner
C’est un grand trou dans la famille, le monde n’aime pas des bonnes personnes.
Bowule salue-moi mon père et ma mère
Bowule salue-moi Tsika de Yolo
Bowule salue-moi Patshos de N’djili
Bowule salue-moi le père de Beloli
Bowule salue-moi le père de Ger-trude
Bowule salue-moi Piaza le frère de Makandele
Bowule salue-moi Jean le fils de Mobakili
Bowule salue-moi Ngambani le père de Philo
Bowule salue-moi Anièce le frère de Kasongo
Bowule salue-moi Grand Kalé.

Nous l’entendons ici comme la combinaison plus ou moins harmo-nieuse d’éléments hétérogènes issus de différentes visions du monde (https//www. Cousin, vrai, 2016, p10). Dans le texte de la chanson sous étude, l’auteur fait la fusion de deux croyances autour de la vie après la mort : L’une dépendant de la pensée bantu et l’autre du christianisme. (de la culture judéo-chrétienne). Comme le dit Placide Tem-pels (1945), le doute plane toujours quant à la vie après la mort, car ce monde n’est pas encore révélé aux hommes. C’est ce que pense Lu-tumba quand il dit :
« - Du coup, je commence à me demander si et seulement si, après la mort, nous allons nous retrouver ?
- Est-ce que je me rencontrerai avec Bowulé ? »
Malgré ce doute, plusieurs écrits confirment qu’après la vie sur la terre, la vie continue :
« La mort ne constitue pas que le terme de notre existence qui sera d’autant plus lumineuse que l’homme aura maitrisé consciemment les devoirs de sa vie terrestre. La mort est donc une situation sur le parcours de notre âme vers une vie parfaite. Si nous comprenons le sens véritable de notre vie sur terre, la mort perdra son visage terrifiant. Après la mort, notre vie se pour-suit. » (https//www.fr, Gabrielle, consulté le 20 mars 2024 à 12 h30’).

Dans la conception bantu de la mort, un homme (surtout à fleur d’âge) ne peut pas mourir, sans qu’il y ait une cause surnaturelle :
« -Je n’ai plus rien au monde, les familles m’ont causé du tort
- Je quitte ce monde, les ennemis m’ont empoisonné. »
La mort constitue une diminution du potentiel vital du clan. Les Bantu aiment leur vie qu’ils cherchent à protéger par tous les moyens.
« C’est un grand trou dans la famille, le monde n’aime pas de bonnes per-sonnes ».

C’est pourquoi chez les Bantu les naissances nombreuses consti-tuent une richesse pour le clan. Un couple qui n’a pas d’enfant se considère comme le plus malheureux. En pareilles circonstances, c’est tous les membres de la famille des patients qui sont mobilisés. A cet effet, tous les itinéraires thérapeutiques sont possibles pour trouver des solutions (la médecine traditionnelle, moderne, voire la prière dans des églises).
Chez les Suku par exemple, quand un homme cherche à limiter les naissances, il est considéré comme un handicap pour la prospérité du clan. Il arrive pour de pareilles décisions que l’homme soit convoqué par l’oncle pour payer des amendes à cause de cette décision considé-rée de contreproductive.

Les bantu sont angoissés devant la mort. Bien qu’ils soient infor-més dans la tradition qu’après la vie sur la terre il y a encore une vie sous la terre au village des ancêtres ; malgré les enseignements reçus dans le christianisme qu’il y a une vie éternelle auprès de Dieu au pa-radis, le doute plane toujours :
« - Ô Dieu tu as créé l’homme afin qu’il vive sur cette terre
- Chaque homme te prie selon sa religion
- Certains te prient chez les catholiques
- D’autres chez les protestants
- D’autres encore à l’armée du Salut
- Certains chez les Kimbanguistes
- D’autres encore chez les Mahicari
- Dieu de toutes ces religions que je viens d’énumérer
- Toutes prétendent savoir où va l’âme d’un défunt
- Un de ces jours, ô Dieu, ne peux-tu leur demander de nous dire très clai-rement où nous irons après notre mort ?
- Car, si nous ne savons pas d’où nous venons, que nous sachions où nous allons ».

Toutefois, nous voyons qu’il est informé de là où les morts vont après la mort. Certes, cette vision du monde, il l’a puisée dans le chris-tianisme où l’on apprend aux chrétiens qu’après avoir bien vécu ici sur la terre, les hommes vont ou iront au paradis :
« -Vous les anges, vous qui êtes près de Dieu.
- Les anges au paradis chez Dieu.
- Vous qui êtes près de Dieu.
- Prenez bien soin de Bowulé, elle n’est qu’une nouvelle venue chez vous. »

Malgré ces enseignements reçus dans le christianisme, l’auteur croit encore à la pensée bantu qui rapporte qu’après la vie sur la terre, il y a encore une autre vie semblable à la vie d’ici-bas. Vie qui sera menée dans le village des ancêtres où les hommes peuvent se raconter des histoires, se rencontrer, se saluer… :
« - Mais tâchez de nous réserver une place, pour notre séjour, Malou et Bo-wulé ».

Ce monde étant perçu comme le nôtre, les hommes qui y vivent ont des caractères et des sentiments purement humains. Ils agissent comme des vivants et se meuvent comme eux
« Bowulé, salue de ma part papa et maman
Bowulé salue-moi mon père et ma mère
Bowulé salue-moi Tsika de Yolo
Bowulé salue-moi Patshos de N’djili
Bowulé e salue-moi le père de Beloli
Bowulé salue-moi le père de Gertrude
Bowulé salue-moi Piaza le frère de
Makandele

Bowulé salue-moi Jean le fils de Mobakili
Bowulé salue-moi Ngambani le père de
Philo

Bowulé salue-moi Anièce le frère de
Kasongo

Bowulé salue-moi Grand Kalé »…

Cependant, le monde des vivants et le monde des morts restent ou-verts. Les vivants ne peuvent contempler le monde des morts que par le rêve :
« - Grand Bowulé, cette nuit je t’ai vu dans un rêve
- Tu t’es bien habillé et tu as organisé une grande fête
- Après un moment, tu m’as appelé et tu m’as montré les enfants ».

Selon les Bantu, la vie dans le village des ancêtres est semblable à celle que les hommes mènent sur la terre. Chez les Yaka et les Suku par exemple, dans la tombe on creusait une petite chambrette où l’on déposait de la nourriture pour le mort. Sur la tombe on mettait tout ce dont le défunt avait besoin quotidiennement (la pipe, les vases…). Il est rapporté que les morts peuvent venir en aide aux morts ou dans d’autres circonstances leur causer du tort. Sur la tombe des méchants, on déposait une grosse pierre pour qu’ils n’aient pas le temps d’y re-venir.

Conclusion

Notre réflexion a été axée autour du syncrétisme dans Testament de Bowulé de Lutumba. Dans ce texte de la chanson qui a fait l’objet de notre contribution, l’auteur recourt à deux visions du monde tout à fait opposées pour décrire la vie après la mort : la vision bantu et judéo-chrétienne. Dans la première, il montre que les Bantu pensent qu’après la vie sur la terre, il y a une autre, semblable à celle que les hommes mènent sur la terre, qu’ils vont mener cette fois au village des ancêtres placé sous la terre. Et la deuxième est la pensée judéo-chrétienne qui renseigne qu’après la vie sur la terre, il y a une autre vie au paradis auprès de Dieu. C’est cela qui crée le syncrétisme, combinaison plus ou moins harmonieuse d’éléments hétérogènes issus de différentes visions du monde.

Bibliographie

- BAILLY, Charles, Linguistique générale et linguistique française. Paris, Ernest Leroux, (1932), 2ème Edition, 1944.
- Dictionnaire universel 1996-1997.
- JUBERT Jean-Louis et alii. Anthologie des littératures franco-phones d’Afrique centrale, Nathan international, Paris, 1995.
- KASONGO, Y, Initiation à la Philosophie, éd, Harmattan, Paris, 2009.
- Larousse, Dictionnaire français, éd, Hachette, Paris, 2010.
- Le Petit Larousse Illustré, Maury-Manchecourt, France, 2010
- Musuasua Musuasua A, Séminaire de modèles d’analyse lexicolo-gique, DEA, Université de Kinshasa, notes éparses, inédit, 2023.
- Sumaili Ngaye-Lussa, G, « Le vocabulaire colonial belge. Étude de créativité lexicale et sémantique », in Revue Interdisciplinaire Francophone, vol. IV, n° 8, décembre 2022, pp.17-39.

Bibliographie et Webographie

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- Jules DUBOIS, L’initiation à la philosophie, Editions Okapi, Kin-shasa 1972.
- Lamine NDIAYE, l’initiation : une pratique rituelle au service de la victoire de la vie sur la mort, In Éthiopiques n°72, Littérature, phi-losophie, et art, 2004. www.ethiopiques.refer.sn (en ligne).
- MUKALA KADIMA-NZUJI, « Littérature et musique des deux Congo : Affinités et différences, in Itinéraires et convergences des musiques traditionnelles et modernes d’Afrique, Paris, L’Harmattan 2004, p.335.
- TRESMONTANT, Le problème de l’âme, Seuil, Paris 1971, dis-ponible (en ligne).
- www.cnrti.fr, hhpt//Cousin, Vrai, 1836.

Par Joseph MUSIKI KUPENZA, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024