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Essai de radioscopie de la webosphère congolaise

Casimir ILUNGA KASAMBAYI[1]

ilungakasambay@gmail.com

Hugues-Jérôme mumbanza kolo[2]

mumbanzahuguesjrme@gmail.com

       

Résumé

En ce XXIème siècle, la place incontournable de l’internet n’est plus à démontrer. Cependant, depuis son introduction en R.D. Congo, quel en est le taux de pénétration et quelles en sont les utilisations efficientes ? Les sites web de la R.D. Congo sont-ils dynamiques ?

Nous nous proposons, dans cet article, d’établir la radioscopie de la webographie congolaise. A cet effet, nous passons en revue les différents sites web par catégories, avec leurs contenus thématiques.

Mots clés : Internet, sites web, radioscopie, grille d’interprétation, webographie.

Introduction

« Ne pas être connecté à Internet, ou l’être superficiellement, c’est se faire marginaliser dans le système planétaire en réseau. Se développer sans internet aujourd’hui, ce serait comme s’industrialiser sans électricité hier. C’est pourquoi les différentes déclarations qui préconisent de commencer par  les « vrais problèmes du tiers-monde » - c’est-à-dire la santé, l’éducation, l’eau, l’électricité, etc., avant d’en venir à Internet-traduisent une incompréhension des problèmes actuels du développement ».[3]

Dans ce contexte, notre problématique porte sur les interrogations suivantes : Quelle est l’importance de l’Internet ? Quels sont les nouveaux champs d’application et de communication d’Internet dans la compréhension des problèmes de développement pour les usagers ? Quel est  l’historique de l’implantation de l’Internet en RD Congo ?  Quelles sont les nouvelles réalités de l’internet aujourd’hui  et comment l’utiliser de manière  efficace ?

 

  • Quelle est l’importance de l’internet et quels sont ses nouveaux champs d’application et de communication pour les usagers ?

L’Internet a révolutionné le monde des ordinateurs et des communications comme rien d’autre auparavant. L'invention du télégraphe, du téléphone, de la radio et de l’ordinateur a ouvert la voie à cette intégration de capacités sans précédent. A cet effet, l’Internet  couvre un champs d’application qui est à la fois une capacité de diffusion dans le monde entier, un mécanisme de distribution de l'information et un moyen de collaboration et d'interaction entre les individus et leurs ordinateurs, peu importe l'emplacement géographique.

Il représente ainsi l'un des exemples les plus réussis des avantages de l'investissement et de l’engagement soutenus dans la recherche et le développement de l’infrastructure informatique.

Dès les premières recherches sur la commutation par paquets, les gouvernements, les industries et les universités dans le monde ont été partenaires dans l'évolution et le déploiement de cette nouvelle technologie passionnante qu’est l’Internet. 

Aujourd’hui, les termes tels que « bleiner@computer.org » et « http://www.acm.org » n’ont plus de secret pour quiconque1.

De ce qui précède,  pour pouvoir bien comprendre le pourquoi d’« un essai de radioscopie de la  webosphère congolaise », il est nécessaire  de donner un bref aperçu de l’historique de l’Internet et de ses infrastructures de télécommunications dans le monde et en Afrique noire francophone.  De ce fait, avant d’entrer en profondeur dans l’historique de l’internet dans le monde, nous allons tout d’abord définir ce qu’on appelle « Internet ».

 

  • Quelle est la définition de l’Internet ?

L’Internet désigne le système d'information mondial qui :

  1. est relié logiquement par un espace d'adressage unique au monde basé sur « le protocole Internet » (IP) ou ses extensions/suivis ultérieurs ;
  2. est capable de soutenir les communications utilisant la suite de protocoles « Transmission Control Protocol/Internet Protocol » (TCP/IP) ou ses extensions/suivis ultérieurs, et/ou d'autres protocoles compatibles IP ; et
  3. fournit, utilise ou rend accessible, publiquement ou en privé, des services de haut niveau basés sur les communications.[4]

Après avoir définit l’Internet, nous allons maintenant dans les lignes qui suivent  nous interroger sur l’historique et le taux de pénétration de l’Internet en R.D. Congo.

1. L’historique de l’Internet en République Démocratique du Congo (RDC)[5]

L’étroitesse du parc informatique, l’insuffisance de la formation en Informatique, la faiblesse du pouvoir d’achat des Congolais et le réseau filaire défaillant ont constitué l’environnement dans lequel s’est introduit Internet en République Démocratique du Congo grâce à l’initiative privée des « Providers » ou Fournisseurs d’accès Internet « FAI ».

En effet, la technologie Internet a pénétré le sol congolais depuis 1995. C’est seulement à partir de 1998 que l’Internet a commencé à devenir accessible au grand public avec comme nom du domaine « zr. » qui devient par la suite « cd. » et qui fut géré par une société Congo Internet Management(CIM), agréée par le Ministère des Postes et Télécommunications (PTT).

Interconnect, une société privée des capitaux Belges est l’un des premiers Providers à fournir l’Internet à partir de 1998 d’abord à Kinshasa et Lubumbashi, puis progressivement s’est élargi dans d’autres villes secondaires telles que (Kananga, Mbuji-Mayi, Mbandaka, Matadi, Kikwit) en utilisant une connexion par câble des lignes de l’OCPT. Imitant Interconnect, plusieurs Providers tels que TéléCel qui s’étaient installés, ont dû abandonner à cause du délabrement de la connexion par câble de l’OCPT. Des nouveaux Providers se sont installés et ont développés d’autres modes de connexion à savoir les connexions sans fil grâce aux antennes VSAT et aux mallettes satellitaires. Actuellement, les sociétés de télécommunications comme (Vodacom, Airtel, Orange, etc.) fournissent l’Internet à la population congolaise.

En ce qui concerne le mode d’accès à l’Internet, le Cybercafé a demeuré longtemps l’unique modèle. Il a permis de démocratiser les différents usages de cet outil en République Démocratique du Congo et de modifier les paysages urbains du territoire.

A l’origine comme nous l’avons vu dans les lignes précédentes, les premiers cybercafés à Kinshasa et à Lubumbashi étaient l’œuvre des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ; tandis qu’en province, ils étaient initiés par des Associations et Organisations de développement. Particulièrement dans certaines provinces, la coopération américaine via son agence USAID, à travers son projet « Connecting Civil Society » a initié les premiers cybercafés et permis de connecter pendant six mois, 103 de 110 organisations ciblées  en fonction de la confiance sur leur capacité à payer les 100 dollars américains d’abonnement après projet. Mais la concurrence des particuliers et l’absence du courant électrique dans ces provinces ont précipité l’arrêt de fourniture de services de ces cybercafés.

Le tableau suivant liste quelques Providers Internet depuis son ouverture au public congolais :

PROVIDERS

Années d’activités

Zones couvertes

Types d’infrastructures ou Technologies

Interconnect

1997

Kinshasa, Mbuji-Mayi Lubumbashi, Kananga, Matadi, Kikwit, Likasi et Goma

Service Internet Standards par Modem et Wireless

RAGA

1998

Kinshasa, Lubumbashi

Réseau Internet sans fil, service de passerelle par radio HF avec une capacité de 1 mbps par bande passante

BUSHNET

1999

Goma

Services de mail, Fax, ondes radio

STARNET

2002

Lubumbashi, Koluezi, Kasumbalesa, Musoshi, Likasi

 

CONGO KOREAN TELECOM

2001

Kinshasa

Réseau câblé

MICROCOM Sprl

2000

Kinshasa et Mbuji-Mayi

          -

AFRINET

2000

Kinshasa

          -

AFRICANUS.NET

2000

Kinshasa

 

MUFF

2000

Kinshasa

Connectivité basée sur UHF Radio

De nos jours quoique les cybercafés n’aient pas encore disparus, les internautes peuvent actuellement se connecter à Internet (sans fil, par câble ou via modem ou sims des réseaux mobiles tels qu’Orange, Vodacom, Airtel et Africel, etc.) à partir de leurs ordinateurs portables, leurs téléphones mobiles, leurs tablettes. Grâce à cet outil, ils sont devenus capables d’utiliser plusieurs supports des Nouvelles Technologies de l’Information et de la communication (NTIC) tels que l’e-mail, les sites web, les réseaux sociaux (facebook, Whatsapp, Twitter, Instagram, Skype, Viber, Messenger…) pour communiquer et échanger des informations avec leurs pairs.

C’est dans cette logique que nous allons, dans les lignes qui viennent, faire l’analyse des sites Web congolais comme un outil de communication, de publicité, de commercialisation et d’échange entre différents publics ou communautés. Analyser, d’une part, la capacité de ces sites web à communiquer leur contenu au public, et d’autre part,  le mode de rétroaction de ce public face au contenu de ces sites web, tel est l’objectif de cet article.

2. Essai de radioscopie  de la webosphère congolaise

L’historique de l’Internet et de ses infrastructures de télécommunication dans le monde, en Afrique noire francophone et en République Démocratique du Congo, nous a permis d’avoir un aperçu de cet outil de mondialisation (ses avantages ainsi que les obstacles à son utilisation) selon qu’on se situe dans un milieu urbain ou rural.

Dans notre étude sur la radioscopie de la webosphère congolaise, nous allons ressortir le côté communicationnel des sites web congolais et voir comment sont disposées les rubriques d’informations offertes aux différents publics. Dans cette étude, notre souci est de voir si les sites web congolais d’informations générales, d’informations locales, d’opinions et d’analyse ainsi que les sites web spécialisés offrent une possibilité d’interaction à travers les réseaux sociaux ou autres canaux de communication en ligne actuellement. Bref, nous cherchons à savoir si les sites web congolais sont dynamiques ou pas.

2.1. Présentation des sites web par catégories

Cette partie de notre travail nous a imposé d’opérer le  choix des sites à analyser. Ainsi, nous avons catégorisé les sites web congolais. Il s’agit de sites web d’informations générales, d’informations locales, d’opinions et d’analyse ainsi que les sites web spécialisés.

  • Les sites web d’informations générales :

www.mediacongo.net

www.radiookapi.net

  • Les sites web d’informations locales :

www.diocèseboma.com

www.hopitaldepanzi.org

  • Les sites web d’opinion et d’analyse :

www.lavoixdupaysancongolais.wordpress.com

www.vsv-rdc.org

  • Les sites d’informations spécialisées :

www.presidence.cd

www.monusco.unmissions.org

2.2. Analyse des sites web par catégories selon la grille d’interprétation

2.2.1. Les sites web d’informations générales

  1. www.mediacongo.net

 

  1. Contenus thématiques et hiérarchiques des rubriques 

Dans ce site, les rubriques sont placées à l’horizontale et à la verticale.  A l’horizontal nous avons les rubriques  suivantes : (Accueil, Contact et  Se connecter). A la verticale, nous avons, la rubrique « Menu » qui nous donne  en cliquant dessus des rubriques et leurs sous-rubriques  ci-après :

  • Opportunités (Petites Annonces, Offres d’emploi, Appel d’offre et Immobilier) ;
  • Actualités (Politique, Economie, Provinces, Femme, Santé, Culture, Science et Environnement, Religion, Musique, Société, Insolite, Sport, Diaspora, Afrique, Monde) ;
  • Publireportages (Echos des entreprises, Stratégies, Initiatives, Talents, Ouvrages, Interview, Chroniques et Analyses) ;
  • Médias et Tendances (Dossiers/focus, Style & Beauté, MC Geek ! Sur le net, Arrêt sur images),
  • Horeca (Hôtels, Restaurants-Bars, Cafés-Salons-Thés).

Compte tenu de la problématique de site adoptée, les rubriques privilégiées sont « Accueil », « Actualité » et « opportunités ».

 
  1. Relation : activité, réactivité ou interactivité ?

Dans ce site, il y a possibilité pour les internautes d’écrire et d’interagir avec le Responsable du site à travers les rubriques « Contact » dans lesquels sont affichés des numéros de contact des produits et services ainsi que des adresses e-mails pour  les villes de Kinshasa et Lubumbashi. Il y a également la rubrique « se Connecter » qui donne la possibilité à l’internaute  d’écrire à support média@mediacongo.net en créant un compte, en entrant son adresse e-mail et son mot de passe  et en le validant par ok. Les internautes utilisant cette technologie sont ceux ayant entré et validé leurs adresses e-mails.

  1. Arborescence

L’arborescence de la page d’accueil présente un scénario visible et chronologique. Il s’agit dans ce site d’une arborescence pyramidale puisque les rubriques sont placées par ordre d’importance (du plus important au moins important) tout en tenant compte de la nature du site qui est un site d’informations générales.

  1. Territoire du site

L’analyse des liens donne une indication sur le rapport de la ville de Kinshasa au territoire national de la République Démocratique du Congo (RDC). Certains sites personnels d’information comme (Congopress.com, Agence immo24.cd) renvoient directement vers ce site de mediacongo.net.

  1. Enonciation

Le site est présenté comme une communication institutionnelle. De ce fait, ici le discours se présente comme neutre grâce aux photographies.

  1. Univers, graphisme et mise en page du site

L’univers du graphisme dans ce site permet de voir la nuance entre les images et les textes renvoyant à tel ou tel autre rubrique.

La page d’accueil est construite par l’association des signes linguistiques iconiques, plastiques et auditifs qui la composent.

On fait défiler le regroupement des titres des textes sur une même page par un ascenseur, puis on passe de page en page pour accéder aux contenues intégrales. Le passage de page en page se fait par défilement. En effet, la mise en page web privilégie des techniques pour la lecture approfondie des articles.

  1. Stratégie économique.

Le site met à la disposition des internautes clients des rubriques de rentabilisation « Opportunités » dans lequel nous trouvons des sous-rubriques comme (Offres d’emploi, Appels d’offre, Petites annonces, Annuaire, Diaspora). Les rubriques les plus actualisées sont « Actualités » et « Opportunités ».

  1. Temps

 

La mise à jour de la page est régulière. Le temps du passé et de l’actualité coexistent parfois sur la même page. La communication sur le Web est une communication  d’instantanéité et de simultanéité.

  1. www.radiookapi.net

 

  1. Contenus thématiques et hiérarchie des rubriques

Les rubriques placées à la verticale sont : « Accueil », « Actualité », « Emissions», « Journaux», « Ecouter en direct », « Société », « Sport », « Economie », « Emissions ».  Et la rubrique « Offres d’emploi » est aussi placée à la verticale.

 

  1. Relation : activité, réactivité ou Interactivité ?

L’internaute dans ce site choisit sa navigation. De ce fait, il peut réagir aux propos posté sur le site grâce aux comptes  facebook,  Twitter, Whatsapp, Skype, Viber, G-mail Google+, Flux RSS et Tune In.

  1. Arborescence

Le visiteur du site est un professionnel averti. Le scénario est visible et chronologique. Une barre de menu permanente s’affiche sur chaque page. Cependant, l’arborescence au sein même du site est pyramidale en raison de la disposition chronologique des articles sur la page d’accueil.

  1. Territoire du site

L’analyse du lien donne une indication sur le rapport des villes de la République Démocratique du Congo (Kinshasa, Bunia, Goma, Kisangani, Matadi, Lubumbashi, Mbandaka).

En effet, d’autres sites renvoient vers ce site. Il s’agit de l’USAID, MONUSCO, FONDATION HIRONDELLE, Direction du Développement et de la Coopération (DDC).

  1. Enonciation

Le site est présenté comme une communication institutionnelle fondée par le soutien des Nations Unies via la MONUSCO et l’ONG Suisse Fondation Hirondelle. Le discours ici est neutre. Les photographies concernent les acteurs politiques et sociaux de toutes tendances confondues.

En effet, « Radio okapi » est un nom plus ou moins court, explicite et simple permettant de miser sur la mémoire de l’internaute.

  1. Univers, graphisme et mise en page du site

L’univers du graphisme et de la mise en page du site sont d’une importance incommensurable, car ils permettent de contextualiser la mission du site de Radiookapi.net.

  1. Stratégie économique

Le site a une stratégie de fidéliser les internautes par la rubrique « Offres d’emploi » ainsi que les possibilités offertes par ces derniers de réagir aux propos tenus à l’aide de Facebook, Twitter, Google+, Fil RSS, Tune In.

  1. Temps

Le temps de lecture dès l’ouverture de la page d’accueil est assez suffisant. La mise à jour de la page est régulière. Les temps du passé et de l’actualité coexistent sur une même page. La communication web  est une communication d’instantanéité, de simultanéit&e

Par Casimir ILUNGA KASAMBAYI, dans RIFRA, Presses Universitaires de Kinshasa, 2024